Un bon film de Noël, c'est quoi ?
Décryptage•Les vacances de fin d’année approchent, et comme tous les ans, nous allons revoir les mêmes longs-métrages à la télévision…Cecile Guthleben
Une froide après-midi d’hiver, la neige étend son blanc manteau, un canapé moelleux, une couette, un chocolat chaud, le sapin qui brille dans un coin du salon… Toutes les conditions sont réunies pour allumer la petite lucarne en famille ou entre amis. Mais, c’est quoi la recette d’un bon film de Noël ?
La première chose que l’on remarque, c’est que les chaînes de télévision diffusent beaucoup de films qui se déroulent au moment de Noël comme « Le Père Noël est une ordure », « L’Etrange Noël de Monsieur Jack » ou encore « Le Grinch ». « Cela fait partie de leur logique de programmation, explique Guillaume Soulez, chercheur en cinéma et directeur du département Cinéma et Audiovisuel de l’Université Paris 3. Elles diffusent des films qui collent à la temporalité réelle, à ce que les téléspectateurs vivent. » Selon le rapport du CNC La diffusion des films à la télévision en 2014, le mois de décembre représente la période où l’offre de films est la plus importante sur France Télévisions et sur TF1 avec respectivement 97 et 40 longs-métrages diffusés. L'année dernière, les téléspectateurs on notamment pu revoir « Joyeux Noël » ou « Toy Story hors du temps ».
Un film qui convoque une certaine nostalgie
« Love Actually », « Maman, j’ai raté l’avion », « La Vie est belle », très vite, on réalise que nos envies cinématographiques reviennent, identiques, tous les ans à cette période de l’année. Comme s’ils convoquaient en nous une sorte de nostalgie. « Le cinéma fait partie de notre vie, tout comme Noël, explique Emmanuel Ethis, sociologue du cinéma et Recteur de l’Académie de Nice. Les films de Noël occupent pratiquement le même statut que les vieilles décorations si familières qu’on ressort chaque année. On espère y retrouver les mêmes émotions, la magie de Noël. Ils entretiennent un lien incontestable avec notre enfance et avec ce que l’on souhaite transmettre à nos propres enfants. »
Il y a dans ces films quelque chose de rassurant, on les connaît et l’on prend du plaisir à les retrouver. Ils font, en quelque sorte, partie de la famille car on y associe les souvenirs des précédents visionnages. « A cette période de l’année, on a souvent besoin de revivre des souvenirs d’enfance idéalisés », souligne le chercheur qui vient de diriger le dernier numéro de la Revue MEI : « Le levain des médias. » L'année dernière, on a, par exemple, repris en choeur la chanson du cake d'amour avec Catherine Deneuve dans « Peau d'Âne ».
Un film qui plaît à toute la famille
La famille, c’est le second ingrédient indispensable pour faire un film de Noël réussi. En cette période de réunion, il faut que toutes les générations puissent se rassembler devant le poste. « Ce n’est pas toujours évident de se retrouver en famille, souligne Guillaume Soulez, il y a toujours un oncle qui fait une remarque déplacée à table. Alors, les films se doivent d’être consensuels, tolérants sur les différences. Les comédies de mœurs qui se passent dans les familles marchent très bien. » « Le Père Noël est une ordure » est un bon exemple. Ce type d’humour permet aux enfants comme aux adultes d’y trouver leur compte.
Il est en de même pour les dessins animés de Walt Disney qui, selon Emmanuel Ethis « sont porteurs de l’esprit de Noël ». Avec leurs différents niveaux de lecture, ils plaisent à tous. « C’est le programme le moins clivant », rappelle Guillaume Soulez. En 2014, les chaînes ont par exemple programmé « La Reine des neiges » et les eux épisodes de « Rebelle ».
Un film optimiste, une certaine idée du conte de fées
Noël est une période un peu magique, rappelez-vous quand vous croyiez au Père Noël. « Les gens sont comme prédisposés pour aller vers le conte de fées, les films qui contiennent la dimension de miracle », explique le chercheur en cinéma. Devant « Love Actually », nous avons tous envie de croire en cette histoire d’amour entre le Premier ministre britannique et sa secrétaire. En regardant « Miracle sur la 34e rue », on se prend à imaginer que Kris Kringle est vraiment le Père Noël. Tous ces films ont pour but de « donner de l’espoir », souligne Guillaume Soulez.
Le sociologue, auteur de « Le cinéma près de la vie » (Editions Démopolis) rappelle aussi que ces films proposent « un bonheur sans arrière-pensée » et « des représentations du bonheur gratuit ». Même si les personnages traversent des situations complexes ou douloureuses, l’issue est toujours pleine d’espoir et d’optimisme. Dans les deux épisodes de « Maman, j’ai raté l’avion », Kévin réussit à se débarrasser des deux braqueurs pour finalement retrouver sa famille et réaliser à quel point il les aime.
Kevin doit affronter de nombreuses péripéties. - Ronald Grant / Mary Evans / Sipa
Des films à partager avec ces proches, qui nous replongent dans de beaux souvenirs et nous offrent une vision du monde un peu plus jolie que la réalité, telle est la recette d’un film de Noël réussi. « C’est aussi un film que l’on n’aura d’ailleurs pas envie de revoir à un autre moment de l’année, car il est profondément lié à un rituel », remarque Guillaume Soulez. Et vous, quel est votre film préféré pour les fêtes ?