Déconseillé aux moins de 12 ans«Cafard est un film d'animation punk», selon son réalisateur Jan Bultheel

«Cafard est un film d'animation punk», selon son réalisateur Jan Bultheel

Déconseillé aux moins de 12 ansJan Bultheel signe un film superbe sur un bataillon belge pendant la Première Guerre mondiale…
Caroline Vié

Caroline Vié

Jean Mordant (doublé par Benoît Magimel), Belge champion du monde de lutte s’engage dans l’armée pour venger sa fille violée par des Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Son tour du monde en compagnie de son entraîneur (doublé par Jean-Hugues Anglade) est au centre de Cafard, magnifique film d’animation de Jan Bultheel.

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« La guerre est un sujet d’actualité même si je l’ai réalisé bien avant les attentats du 13 novembre, explique le réalisateur flamand à 20 Minutes. Mon film montre à quel point elle est nuisible. »

Des faits méconnus

Le « Cafard » du titre, c’est le surnom du blindé des héros. « J’ai voulu rendre hommage à ces Belges qui se sont engagés et qui ont vécu une aventure incroyable mais peu connue », confie Jan Bultheel. Il a employé la technique de la capture de mouvement ou « mocap » pour filmer des acteurs flamands interprétant leurs rôles couverts de capteurs. « Cela m’a permis de ne pas faire de story-board et de créer ma mise en scène et l’aspect visuel de mon film autour de leurs prestations numérisées sur ordinateur », précise le réalisateur.



Budget minimal pour film punk

Seulement entouré d’une équipe de cinq personnes, Bultheel a dessiné ce film d’une force visuelle époustouflante. « J’avais peu d’argent et peu de collaborateurs mais cela m’a donné une certaine liberté. Je considère que Cafard est un film punk. » Ses choix esthétiques (notamment pour une magnifique séquence de ballet aux teintes infernales et une scène d’amour sous un ciel jaune) changent agréablement des films d’animation habituels. « Ce médium ne doit pas être réservé aux petits enfants », martèle le cinéaste. L’atmosphère de Cafard rend le film difficilement accessible aux moins de douze ans.

Des voix chaleureuses

Pour contrebalancer son trait volontairement anguleux et la brutalité des situations décrites, Jan Bultheel a compté sur ses comédiens. « La mocap m’a permis de les diriger comme sur un film en prises de vue réelles. Pour le doublage français, j’ai aussi beaucoup insisté pour que les comédiens donnent une couleur chaleureuse à leur voix afin que le spectateur s’attache davantage aux personnages. » Son œuvre forte, originale et généreuse prouve qu’il a gagné son pari haut la main. Cafard, également disponible sous forme d’album aux éditions Lannoo, est vraiment exceptionnel.