«Adama»: Le voyage initiatique d'un gamin africain

«Adama»: Le voyage initiatique d'un gamin africain

ANIMATIONSimon Rouby signe un film original sur l’itinéraire d’un gamin africain dans l'Europe de la Première Guerre mondiale…
Caroline Vié

Caroline Vié

Avec Adama, Simon Rouby innove en livrant un film d’animation aussi puissant qu’original, très remarqué au Festival d’Annecy. Sur un scénario signé Julien Lilti, ce premier long-métrage suit le périple d’un gamin africain à la recherche de son grand frère enrôlé dans l’armée française au cœur de la Première Guerre mondiale. D’un village gorgé de soleil aux combats boueux de Verdun, ce môme malin vit un périple fascinant à découvrir en famille. 20 Minutes a parlé avec le réalisateur de ce film exceptionnel.



Une rencontre magique

« Le film a été difficile à monter car les financiers se montraient frileux en raison du sujet », raconte Simon Rouby. Julien Lilti s’est librement inspiré de l’histoire d’Abdoulaye N’Diaye tirailleur sénégalais qui combattit pendant la Grande Guerre. La rencontre entre le coscénariste d’Hippocrate (Thomas Lilti, 2014) et Simon Rouby, artiste et grapheur au talent singulier mettra sept ans à donner ce petit bijou tourné en toute liberté dans un atelier de La Réunion. « Nous avons décidé de recentrer l’ensemble sur le voyage initiatique d’Adama qui permettait une meilleure identification du public. »



Un message pacifique pour un film tout public

Profitant de sa liberté et d’un budget minime de quatre millions d’euros, Simon Rouby a pris le parti de créer une véritable expérience sensorielle mêlant magie (les rituels africains) et cauchemar (les scènes de guerre) tout en restant accessible à tous les publics. « Le film n’est pas violent mais il délivre un message pacifiste en décrivant un épisode capital de notre histoire, explique le réalisateur lyonnais. Il devait donc pouvoir être vu par de jeunes spectateurs ». Ces derniers pourront aussi découvrir le superbe livre (édité par Actes Sud).

Un étonnant mélange de techniques

Des statues en terre cuite modélisées donnent un aspect particulièrement vivant à l’ensemble. « On voulait éviter un aspect trop lisse et trop soigné, explique Simon Rouby. Il fallait que le film ne ressemble à aucun autre. » Il gagne le pari haut la main notamment grâce à des images d’explosions faites en « ferrofluides » (liquides magnétiques animés grâce à des aimants et filmés à travers une vitre). « Ces mélanges de techniques demandant l’apport de nombreux artistes ont beaucoup apporté au film », insiste Simon Rouby. On espère que son Adama va rencontrer le succès qu’il mérite.