Robert Guédiguian est de retour à Cannes avec le superbe Une histoire de fou, film aux allures de thriller sur le génocide arménien et le terrorisme qu’il a engendré dans les années 1980. Malgré ses qualités, son film est diffusé hors compétition. 20 Minutes lui a demandé pourquoi.

Une affaire de goût

« Je pourrais botter en touche et répondre qu’il faut poser la question à Thierry Frémaux, le délégué général du festival, sourit-il, mais je crois que la raison est plus dans une affaire de caste, de classe, de goût. Il y existe un goût français pour certains problèmes qui ne m’intéressent pas vraiment. J’ai parfois l’impression de ne pas faire du cinéma français ». Même privé de la chance d’obtenir une Palme d’or, le cinéaste engagé est heureux d’être sélectionné. « J’ai été pris à cinq reprises donc on ne peut pas dire que le festival boude mon cinéma. Etre ici me permet de montrer Une histoire de fou aux distributeurs internationaux, ce qui me fait gagner du temps sur les ventes internationales ».

Cannes, ce festival inoubliable

Si Robert Guédiguian a remporté un triomphe avec Marius et Jeannette (1997), son plus beau souvenir de Cannes date de 1980 et de la présentation de Dernier été, son premier film. « C’était dans un cinéma d’une rue parallèle à la Croisette et je trouve que c’est une belle image car il y avait le festival des riches et celui des pauvres auquel je participais ». Le cinéaste y a connu un succès inattendu dont il parle encore avec une grande émotion. « Nous avions tourné le film à Marseille avec une poignée de potes et soudain, le monde entier s’y intéressait. C’est mon souvenir le plus fort parce que je ne m'attendais pas à un tel accueil. »