EXPOSITIONPourquoi Disney ne produit plus de super-méchants?

Pourquoi Disney ne produit plus de super-méchants?

EXPOSITIONLes vilains emblématiques de notre enfance sont exposés à la galerie Arludik, mais le plus récent date de 1997…
Charlotte Murat

Charlotte Murat

«Mais non, Maman, la sorcière c’est dans Blanche-Neige!» A la galerie Arludik (12, rue Saint-Louis-en-l’Ile, Paris), les enfants peuvent faire la leçon aux parents. Une exposition y est consacrée aux méchants emblématiques de Disney jusqu’au 30 mai. Maléfique, Jafar, Scar, le capitaine Crochet, Shere Khan, ils sont tous là, sous forme de 60 dessins de recherche originaux et celluloïds. «C’est souvent à travers les méchants qu’on se souvient des films», estime Jean-Jacques Launier, qui a fondé la galerie en 2003 avec sa femme Diane. Et pour cause, «l’enfant a besoin d’avoir peur et d’apprendre à dépasser cela. Lorsque l’on est adulte, on a une certaine sympathie pour ces personnages, car on sait que l’on n’est pas resté sous la coupe de la frayeur», précise Geneviève Djénati, psychologue clinicienne et thérapeute familiale, auteur de Psychanalyse des dessins animés (L’Archipel) et d’Attends… Dépêche-toi! (L’Archipel).

Les meilleurs moments des méchants de Disney

Redonner un visage humain à Maléfique

Mais à y regarder de plus près, le dessin animé le plus récent représenté dans l’exposition est Hercule, à travers la figure d’Hadès, sorti en 1997. De tous les longs-métrages sortis depuis, aucun n’a produit de super-méchant digne de ce nom. Et quand la firme s’intéresse à Maléfique, la méchante fée de La Belle au bois dormant, c’est pour expliquer les raisons de sa cruauté et lui redonner un visage humain. «Disney s’adapte à une génération différente. Les jeunes savent que tout n’est pas tout blanc ou tout noir», estime Jean-Jacques Launier. «Ces nouveaux films intègrent des valeurs plus intérieures comme l’idée qu’on peut être à la fois bon et gentil», explique Geneviève Djénati. La Reine des neiges, le plus gros succès de l’histoire de Disney, en est un parfait exemple.

«On fait grandir les enfants plus vite»

Tout cela tient aux étapes du développement infantile. «Jusqu’à 6 ans, les enfants ont une perception très manichéenne du monde, avec les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Ensuite, ils comprennent la mobilité du bien et du mal, l’idée qu’une personne renferme les deux à la fois.» Les dessins animés d’aujourd’hui, moins manichéens que ceux d’autrefois, s’adresseraient-ils à des enfants plus âgés ? «Ils sont en tout cas destinés à la famille dans son ensemble, précise Geneviève Djénati. Aujourd’hui, on fait grandir les enfants plus vite, dans le sens où on leur parle plus. Avant les années 1970, on ne répondait pas aux questions des petits.» Disney aussi a su grandir avec son époque.