De notre envoyé spécial à Berlin

La Palme à Cannes, il connaît : Wim Wenders l’a décrochée pour Paris Texas en 1984. Le plus célèbre des cinéastes allemands n’avait pourtant jamais décroché l’Ours de Berlin. C’est fait depuis jeudi soir : le réalisateur a reçu des mains du directeur de la Berlinale Dieter Kosslick un Ours d'or pour l'ensemble d’une carrière commencée à l’orée des années 1970. «Je suis terrifié d’avoir à te remettre ce prix, Wim, même si tu nous as appris, dans L’Ami Américain, qu’il ne fallait avoir peur de rien, sauf de la peur elle-même», a-t-il lancé au cinéaste.

«Génial! Un petit Ours d’or, et bien l’ours est mon animal préféré, c’est pour ça que je suis si content, s’est amusé Wim Wenders. Tout ce que je peux dire c’est: Grrrr…»

Les «Ailes de Berlin»

Le réalisateur brésilien Walter Salles lui a ainsi rendu un vibrant hommage, considérant que le réalisateur d’Alice dans les villes ou des Ailes du désir, film qu’il rebaptisa comme un clin d’œil – et sous les applaudissements — Les Ailes de Berlin, était le «plus grand cinéaste de tous les temps: un artiste qui nous a servis à tous de boussole pour comprendre les notions les plus essentielles de morale et d’esthétique au cinéma.»

Visiblement ému, le cinéaste a tenu à rendre hommage aux amis présents, aux absents et aux disparus : mon cher ami Otto Sander, mais aussi Dennis Hopper, Lou Reed, Peter Falk... Bref, «à tous ceux qui m’ont donné du temps de leur vie pour que je le transforme, le temps d’un film, en temps de cinéma.»

Un thriller avec Nicholas Ray, Samuel Fuller, Jean Eustache...

Pour cette soirée de gala, Wim Wenders a choisi de projeter la version récemment restaurée de L'Ami américain. Un thriller de 1977 mâtiné des thèmes chers à Wenders – la famille, l’amitié-, avec Dennis Hopper et Bruno Ganz, mais aussi l’acteur français Gérard Blain et les réalisateurs Nicholas Ray, Samuel Fuller, Daniel Schmid et Jean Eustache! Ce film, qui fut présenté au festival de Cannes, lança la carrière internationale de Wim Wenders, un an après le prix de la critique internationale glané sur la Croisette également, pour Au fil du temps...

Cette soirée berlinoise faisait suite à la présentation, hors compétition, du dernier film de Wenders Every Thing Will Be Fine, mélodrame en 3D avec Charlotte Gainsbourg et James Franco, diversement accueilli... Très occupé à sa fondation qui lui permet de restaurer ses films, Wim Wenders s’apprête à s’envoler ces prochains jours à Los Angeles où son documentaire Le Sel de la terre concourt aux Oscars.