«L’interview qui tue!»: Sauvé par Barack Obama et George Clooney
CINEMA•Seth Rogen et James Franco ont été largement dépassé par leur comédie potache...Caroline Vié
Même dans leurs rêves les plus fous, Seth Rogen et James Franco n'auraient pu imaginer que leur comédie L'interview qui tue! allait faire autant de bruit. Rien ne prédisposait ce film joyeusement potache à être plus vanté les précédents opus des deux potes de Délire Express (2008) à C'est la fin (2013). Le piratage de Sony Pictures a changé la donne et transformé cette blague de potes en film militant (mais pas trop).
A mort le dictateur !
Les copains, épaulés par le réalisateur Evan Goldberg, y partent pour la Corée du Nord afin d'y assassiner Kim Jong-ung à la demande de la CIA. Franco en animateur de talk-show et Rogen en producteur de son émission retrouvent la complicité qui faisait leur charme dans la série «Freaks and Geeks». Il n'est pas vraiment surprenant que l'humour de l'ensemble penche davantage du côté de Jackass ou de Dumb and Dumber que de celui de Charles Chaplin et de son Dictateur (1940). Le film était donc bien parti pour engranger moult bénéfices outre-Atlantique où le duo de comiques est largement plus populaire qu'en France.
Des VRP de poids
Prévue pour le 25 décembre dernier aux Etats-Unis, la sortie a été annulée à la suite du hacking du site de Sony, producteur du film. Des terroristes inféodés à la Corée du Nord menaçaient de représailles terribles si cette fantasie se moquant de leur grand chef était distribuée. Les coups de gueule successifs de Barack Obama et de George Clooney (et aussi le fait que le pirate ne serait pas un terroriste mais un employé mécontent) ont convaincu Sony. L'interview qui tue! est maintenant disponible en VOD et dans certaines salles américaines avant de sortir en France ce mercredi.
Petit film, bel exemple
Avec plus de quinze millions de dollars engrangés sur Internet et près de sept millions dans les cinémas, L'interview qui tue! poursuit son petit bonhomme de chemin. Ses gags à base de blagues entre potes (Eminem, dans son propre rôle, révélant son homosexualité) et de délires scatos (un suppositoire géant et explosif que Seth Rogen s'introduit à un endroit abrité du soleil) ont plu. Normal: cette pochade est parfois fort drôle. De là à la qualifier de brûlot il y a une crevasse, celle qui sépare la grâce intemporelle d'un Charlie Chaplin des sympathiques pantalonnades des Charlots.