«Les Héritiers», une success story dans une classe de banlieue
CINEMA•Inspirée d'une histoire vraie, cette chronique sur fond de concours d'histoire balaye bien des idées reçues sur les jeunes de banlieue...Caroline Vié
Lorsqu’une prof de Créteil inscrit ses élèves à un concours national d'Histoire, elle va ouvrir leurs esprits au point de changer leur vie. Les Héritiers, qui vient de recevoir le prix de la Fondation Diane et Lucien Barrière, s'inspire de l'expérience véridique de ces cancres qui vont ainsi découvrir et s'intéresser au sort des enfants juifs disparus pendant la Shoah. Ahmed Drame, l'un d'entre eux, a poursuivi cette aventure en coécrivant le scénario du film avec la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar.
La belle histoire d'Ahmed Drame
«Sans Anne Anglès, l'enseignante qui m'a fait participer à ce concours d'Histoire, je n'aurais jamais osé faire du cinéma», explique Ahmed, vu récemment comme acteur dans Les Petits princes (Vianney Lebasque, 2013). Le jeune homme de 22 ans incarne son propre rôle dans Les Héritiers, celui d'un élève brillant et rebelle qui finit par trouver sa place en classe. «Quelqu'un comme Ahmed Drame prouve que le lycée sert à quelque chose et que les jeunes ont vraiment soif de savoir», déclare Anne Anglès qui soutient passionnément le film. Ariane Ascaride, actrice lumineuse et généreuse, se glisse dans la peau de cette femme forte qui sait communiquer sa passion pour le savoir.
Monter la banlieue de façon positive
«C'était étrange de me jouer moi-même et de me retrouver dans mon lycée et mon ancienne salle de classe quelques années après les faits», avoue Ahmed Drame. La réalisatrice de Ma première fois (2012) l'a très vite convaincu de coller à la réalité plutôt que broder sur une histoire fictive. «Elle voulait montrer les jeunes de banlieue sous un jour positif ce qui m'a emballé», raconte le jeune acteur. De la professeure dévouée qui tire ses élèves vers le haut aux gamins apprenant à faire fi de leurs différends personnels et culturels pour livrer un dossier brillant, les personnages ne tombent ni dans l'angélisme ni dans la caricature.
Un feel-good movie intelligent
Anne Anglès n'en revient pas que ce travail ait pu marquer son élève à ce point. «Je ne m'en suis pas rendu compte sur le coup car, comme tous mes collègues, je vis des choses fortes tous les ans», dit-elle. Ahmed Drame refuse qu'on le montre en exemple. «Rien ne m'agace davantage que de m'entendre dire que je vis un conte de fées, déclare ce dernier. J'ai trouvé ma voie mais tous les jeunes ont du potentiel à exploiter». C’est ce point de vue que défend chaleureusement Les Héritiers en démontrant qu'on peut faire un feel good movie intelligent et porteur de valeurs réconfortantes. Total respect.