«Quand vient la nuit»: Une réussite américaine du réalisateur belge de «Bullhead»
CINEMA•Pour son premier film américain, le réalisateur belge Michael Roskam signe un suspense brillant...Caroline Vié
Michael Roskam avait créé un choc avec Bullhead, cité pour l'Oscar du meilleur film étranger en 2012. Le réalisateur belge a choisi les Etats-Unis pour son deuxième long-métrage, Quand vient la nuit. «En Europe, la culture est basée sur celui qui reçoit l'argent, à savoir le réalisateur, alors qu'aux Etats-Unis c'est celui qui le donne car c'est le producteur qui commande!», dit-il. Pour autant, Roskam a parfaitement réussi ce qu'il considère comme une «étude de caractères à suspense» plutôt que comme un polar.
Le premier scénario d'un maître du polar
Michael Roskam est tombé en amour devant le scénario écrit par Dennis Lehane, auteur de Mystic River (adapté par Clint Eastwood en 2003) et de Shutter Island (porté à l'écran par Martin Scorsese en 2007). «J'ai tout de suite vu le parti du personnage incarné par Tom Hardy, un barman apparemment un peu simplet dont on sent qu'il dissimule un vrai potentiel pour la violence». Auitour de lui, son patron, joué par le regretté James Gandolfini, est menacé par des mafieux et sa voisine (Noomi Rapace) malmenée par un ex-fiancé brutal (Matthias Schoenaerts, impressionnant).
Apprendre à communiquer
Cette première expérience américaine a été heureuse pour Michael Roskam. «J'ai finalement eu autant de liberté que pour Bullhead quand j'ai compris que tout est une question de communication. Il suffisait que je prenne le temps d'expliquer mes idées pour qu'elles soient acceptées». Aidé par un quatuor d'acteurs exceptionnels, le cinéaste s'est senti comme un poisson dans l'eau. «Tout s'est passé dans un respect mutuel au point que j'envisage de retravailler avec mes producteurs américains. Les désaccords que nous avons pu rencontrer ont toujours débouché sur une amélioration du film».
S'adapter au décor
Michael Roskam n'a évidemment rien laissé au hasard. Il a écumé les bars de Brooklyn pour s'imprégner de son décor et rencontrer de nombreux habitants du quartier pour s'initier à leur phrasé et entendre des anecdotes. «Ce travail était important pour que le film ne semble pas artificiel et que je ne me sente pas décalé dans ce monde très différent du mien», précise-t-il. Le spectateur est immédiatement happé par cette histoire qui n'est pas sans rappeler A History of Violence (2007) de David Cronenberg, un réalisateur qui s'est d'ailleurs lui aussi intéressé au scénario de Quand vient la nuit.