CINEMA«Le garçon et le monde», un coup de cœur animé venu du Brésil

«Le garçon et le monde», un coup de cœur animé venu du Brésil

CINEMACe bijou de poésie a été récompensé par le Grand prix du Festival d'animation d'Annecy...
Caroline Vié

Caroline Vié

Dans la jungle touffue du cinéma d'animation, un gamin attachant pointe son nez. Le petit héros du Garçon et le monde, premier long-métrage du Brésilien Alê Abreu, part à la recherche de son père pour entraîner le spectateur dans un festival d'images variées. Ce voyage d'un enfant curieux est si riche et si dépaysant qu'il a remporté le Grand prix au Festival d'Annecy, récompensant aussi l'exigence de son distributeur Les Films du préau à qui on doit le récent Lettre à Momo (Hiroyuki Okiura, 2013).

Se mettre à hauteur d'enfant

«Je me suis mis à la place de mon héros. Cela m'a donné une grande liberté pour mêler différents styles de dessins et de textures. On ne perçoit pas toutes les expériences de la même façon», insiste Alê Abreu. Il a su retrouver le style du dessin enfantin pour entraîner son môme aux grands yeux et au pull rayé dans un Brésil où tout n'est pas rose. «Je trouvais intéressant de jouer sur le contraste entre la simplicité du trait pour les personnages et des décors complexes ou oniriques». Qu'on ne s'y trompe pas, Le garçon et le monde n'a rien de naïf. Alê Abreu dénonce l'industrialisation sauvage d'un pays au capitalisme dévorant.



Un travail d'équipe en solitaire

«C'était une production artisanale sur laquelle 150 personnes, dont 20 animateurs, se sont succédé au fil des mois et des besoins», explique Abreu, créateur complet d'un film dont il a créé les décors et les animations. «Vient un moment où on ne peut pas tout faire tout seul et où l'on doit apprendre à déléguer. Je préparais tout minutieusement afin que les animateurs puissent suivre mes idées». Images et sons communiquent des émotions intenses à un film dépourvu de dialogues, les personnages s'exprimant dans une langue inventée. «Cela rendait l'histoire compréhensible par tous», insiste Alê Abreu.

Une bande-son au diapason

La musique est au diapason d'un film où croquis au crayon gras font bon ménage avec des illustrations proches des jeux vidéo. «J'ai considéré la musique comme l'animation en mêlant les différents styles pour faire naître des émotions», dit Abreu. Le percussionniste Nana Vasconcelos côtoie le rappeur Emicida pour transporter le spectateur de saynète en saynète au gré des pérégrinations du gamin. «Je pense que n'importe qui, quel que soit son âge ou son origine, peut s'identifier à lui car tout le monde s'est déjà senti perdu ou émerveillé», déclare le réalisateur. C'est la seconde sensation qui domine Le garçon et le monde.