CINEMALes larmes aux yeux «3 cœurs» en sang

Les larmes aux yeux «3 cœurs» en sang

CINEMABenoît Jacquot signe un drame bouleversant et l'un de ses meilleurs films...
Caroline Vié

Caroline Vié

Dans 3 cœurs présenté à la Mostra de Venise cette année, Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni sont grandement malmenés par Benoît Jacquot. Le réalisateur des Adieux à Versailles (2012) définit ce film merveilleux comme un «suspense sentimental». Celui que vit le spectateur quand le héros, victime d'un concours de circonstances, tombe successivement amoureux de deux sœurs et doit composer avec sa passion pour le plus grand malheur de tous.

Un film sans méchant

3 cœurs n'a rien d'une histoire d'adultère lambda. Personne n'est à blâmer pour la tempête de sentiments qui agite des personnages frappés par la cruauté du destin. «On a tous connu des circonstances où on ne croisait pas les bonnes personnes au bon moment, explique le cinéaste. Mon film parle de ces rendez-vous manqués qui marquent durablement». Mensonges et trahisons sont au centre d'un drame où on partage profondément la douleur de héros emportés malgré eux dans une spirale incontrôlable.



Une longueur d'avance

Pour mieux plonger le spectateur dans le drame du trio, Benoît Jacquot a choisi un parti pris redoutable. Le spectateur a toujours une longueur d'avance sur le protagoniste masculin ce qui le rend particulièrement réceptif à son cas de conscience. «Cette idée est l'une des clefs du scénario que j'ai écrit avec Julien Boivent. Le public ressent d'autant mieux le côté tragique de la situation qu'il sait dans quel pétrin le héros est en train de se fourrer». Comme dans un Titanic amoureux, on souffre en attendant l'iceberg inévitable.

Un trio éblouissant

3 cœurs doit beaucoup à des interprètes qui se sont mis à nu. Benoît Poelvoorde ajoute une nouvelle gamme à son registre en homme déchiré. Entre les deux femmes de sa vie, il tente de trouver sa place filmé par un cinéaste prompt à capter le moindre frémissement de leurs performances. «Il faut beaucoup aimer Benoît pour le diriger, confie Jacquot, car il vit si intensément ce que ressent son personnage qu'il souffre réellement en l'incarnant». Ses deux partenaires, épaulées par Catherine Deneuve en maman compréhensive, sont tout aussi merveilleuses.

Un mélodrame et c'est un compliment

Jamais Benoît Jacquot ne s'était autant dévoilé que dans cette œuvre poignante qui met les larmes aux yeux et le cœur en sang. «Tout le monde n'a pas connu ce cas de figure précis, explique-t-il. Je pense cependant que la notion le choix est une chose à laquelle chacun s'est trouvé confronté dans sa vie». En empruntant les chemins les plus escarpés de la Carte du Tendre, le cinéaste offre l'un de ses films les plus forts et les plus bouleversants. 3 cœurs est un pur mélodrame. Cela est dit comme un compliment.