Dans Sin City: J'ai tué pour elle, Robert Rodriguez et Frank Miller brodent autour d'un personnage de femme fatale sculpturale incarnée par Eva Green. Cette belle plante vénéneuse évolue au milieu d'une pléiade de comédiens virils comme Josh Brolin, Ray Liotta, Bruce Willis et Mickey Rourke et de sublimes créatures comme Rosario Dawson et Jessica Alba. Neuf ans après le premier volet, l'univers de la bande dessinée créée par Miller reprend vie en noir et blanc et en relief. Les deux réalisateurs ont parlé de leur création à quatre mains...

Qu'est-ce que Sin City?

Frank Miller: C'est ce qui se passe dans ma tête, un pur produit de mon imagination. C'est une œuvre si personnelle que j'ai été sidéré de trouver quelqu'un qui la comprenait aussi bien que Robert, mon frère de réalisation.

Robert Rodriguez: Je me sens chez moi dans le monde de Frank où les belles filles côtoient les mauvais garçons. Son humour glacial est très proche du mien. Nous nous entendons comme deux potaches à qui leurs parents auraient laissé les clefs de la maison.

Ce film a-il été plus facile à réaliser que le premier?

R.R: Nous maîtrisons mieux les logiciels qui permettent de récréer l'univers graphique de Frank, mais le fait de concevoir le film en 3-D a apporté d'autres défis.

F.M: Le relief ne nous a pas facilité la besogne mais cette impression de replonger au cœur de mes dessins était vraiment gratifiante. Je crois que la 3D est un véritable atout par rapport au premier volet.

Que répondez-vous à ceux qui prétendent que cet univers est misogyne?

F.M.: Qu'ils n'ont rien compris! Sin City joue avec les codes du polar et du film noir. Il ne faut pas prendre ces histoires au sérieux. Elles sont conçues pour distraire mais j'assume le fait que je suis un homme qui aime les femmes.

R.R.: Les personnages féminins du film sont beaucoup plus forts que les personnages masculins! Ce sont les femmes qui détiennent le pouvoir, qui manient les armes et se jouent d'hommes dominés par leurs pulsions.

Comment avez-vous géré la violence et le sexe?

R.R.: On a fait ce qu'on souhaitait sans se limiter. Le fait que l'affiche a été censurée aux Etats-Unis parce qu'on y voyait la poitrine d'Eva Green nous a donné une publicité gratuite, mais ce n'était pas fait exprès.

F.M.: Bagarres et érotisme sont des ingrédients importants dans mes comics. Il est normal qu'on les retrouve dans le film. Tout est cependant très stylisé. Il ne me semble pas que ce qu'on montre est traumatisant...

Y aura-t-il un troisième Sin City?

F.M.: J'y pense déjà et j'aimerais bien me concentrer sur les origines de la ville et de ses habitants... J'ai des tonnes d'idées.

R.R.: Cet univers est déclinable à l'infini. Je songe à un nouveau film ou, peut-être, une série télé. Cela pourrait être très excitant. Nous sommes en train d'y réfléchir.