CINEMA«L'Institutrice»: Il est né le divin enfant poète

«L'Institutrice»: Il est né le divin enfant poète

CINEMA«L’institutrice» est une fable israëlienne bouleversante en même temps qu'un beau portrait de femme...
Caroline Vié

Caroline Vié

Avec L’Institutrice, Nadav Lapid a fait sensation à la Semaine de la Critique du dernier Festival de Cannes. Le réalisateur du Policier (2010) signe un film semi-autobiographique sur l’étrange relation qui se noue entre une enseignante et un gamin de cinq ans surdoué pour la poésie.

Le jeune héros, bambin au visage d’ange mélancolique, semble entrer en transe pour produire des textes d’une étonnante pureté sur des sujets (amour, mort) très au-dessus de son âge. Convaincue d’avoir affaire à un Mozart des vers, l’institutrice du petit, éblouie par son don, essaye de le stimuler coûte que coûte.

Dévorée par sa passion pour l’art

«L’angoisse et ce sentiment d’urgence qu’elle ressent devant la marginalisation d’un certain art, d’une certaine sensibilité, sont ceux que j’éprouve moi-même», dit Nadaj Lapid qui est l’auteur des poèmes du film.



Les rapports entre la jeune femme et son élève innocent sont montrés avec une grande acuité par le cinéaste israélien qui ne tente jamais d’angéliser l’enseignante. «Mon personnage est un mélange typique des révolutionnaires, entre innocence et violence, conscience et inconscience. Elle poursuit de nobles causes, mais est capable de tout pour obtenir ce qu’elle veut», dit-il. Comme tirer l’enfant de sa sieste pour le contraindre à créer ou lui «emprunter» des vers afin de séduire un galant.

L’actrice de théâtre Sarit Larry donne une épaisseur incroyable à cette femme aussi attachante qu’inquiétante, dévorée par sa passion pour l’art. «Ecrire de la poésie, c’est lutter contre la nature du monde», dit l’institutrice. Cette phrase illustre à merveille le beau film de Nadav Lapid.