Impossible de lire le nom de Gemma Bovery sans penser «Madame Bovary», l’héroïne de Flaubert. C’est ce qui frappe le boulanger du petit village normand où une belle Anglaise portant ce nom s’est installée avec son mari. Très vite, cet homme à l’imagination débordante se persuade que le destin de la jeune femme sera aussi tragique que celui de son alter ego de la littérature française.

Luchini voyeur et metteur en scène

«Dès que j’ai lu le titre du roman graphique de Posy Simmonds, j’ai été attirée puis j’ai adoré la façon dont elle parvient à rendre la Normandie sensuelle», dit Anne Fontaine qui porte l’ouvrage à l’écran avec l’aide du scénariste Pascal Bonitzer. Parmi les modifications que la réalisatrice a apportées au livre, la plus évidente est d’avoir développé le personnage de boulanger interprété par Fabrice Luchini. «Je le vois un peu comme un Woody Allen normand, dit Anne Fontaine. Il a un côté metteur en scène dans lequel je me retrouve quand son fantasme devient réalité». Ce quinquagénaire fin lettré épie la douce Gemma et ses amours clandestines en verdissant de jalousie.

Impossible de réaliser «Gemma Bovery» sans Gemma Arterton

«Fabrice décrit sa partenaire Gemma Arterton comme une bombe sexuelle et son personnage perd un peu la tête quand il la voit débarquer dans sa vie», insiste la réalisatrice de La fille de Monaco (2008) et Perfect Mothers (2013), qui a été conquise par l’ex James Bond Girl dès qu’elle lui a dit bonjour en français. «La façon dont elle a prononcé ce mot m’a fait comprendre qu’elle était parfaite pour le rôle». Gemma Arterton s’est ensuite immergée dans la culture française afin de se préparer puis elle a lu «Madame Bovary» pour mieux comprendre la psychologie de Gemma. «Son degré d’implication m’a épatée», dit Anne Fontaine. L’actrice emporte cette chronique avec un charme ravageur qui lui permet de voler la vedette à Fabrice Luchini.

Une star en devenir

«Elle me fait penser à Brigitte Bardot pour son côté naturel qui peut enflammer l’imaginaire. Elle possède un mélange de sensualité et de vulnérabilité qui la rend irrésistible», insiste la cinéaste. La fraîcheur de la comédienne, capable de passer de la gaîté à la mélancolie en un clin d’œil, séduit le spectateur tout autant que les protagonistes du film. Ce portrait d’une femme désœuvrée tentant de trouver un sens à sa vie doit beaucoup à sa prestation. «Tout le monde peut comprendre ce qu’elle ressent car il existe une Madame Bovary dans chacun de nous», insiste Anne Fontaine. Un humour discret balaye l’ensemble de cette histoire d’amour(s) qui fleure bon le terroir, la farine et les rêves brisés.