CINEMAJean-Pierre Jeunet: «Il y a toujours de petits bijoux à découvrir au Festival de Deauville»

Jean-Pierre Jeunet: «Il y a toujours de petits bijoux à découvrir au Festival de Deauville»

CINEMAAu Festival de Deauville, Jean-Pierre Jeunet est membre d'un jury d'anciens présidents cornaqués par Costa-Gavras...
Caroline Vié

Caroline Vié

Jean-Pierre Jeunet avait été président du Jury du Festival du cinéma américain de Deauville en 2009. Quarantième anniversaire de la manifestation oblige, il est de retour sur les Planches en 2014 pour être juré au milieu d’un grand nombre d'anciens présidents. Pour 20 Minutes, réalisateur de l’excellent Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet revient sur son expérience deauvillaise et sur le cinéma américain qu’il semble beaucoup apprécier…

Quel souvenir gardez-vous de votre présidence du jury à Deauville?

Faire partie d’un jury, c’est tout un jeu d’influences et de discussions pour faire triompher son favori sans donner l’impression d’être un dictateur. Cette année-là, j’avais fait alliance avec Sandrine Kiberlain pour aider à primer The Messenger, un excellent film d’Oren Moverman sur un officier chargé d’annoncer la mort d’un proche aux familles de soldats pendant la guerre en Irak. Sinon, je me souviens d'une sélection exceptionnelle. Il y a toujours de petits bijoux indépendants à découvrir dans ce festival...

Connaissiez-vous les autres anciens présidents cette année?

Oui, à l’exception d’André Téchiné et de Marie-Claude Pietragalla. J'étais particulièrement impatient de retrouver Vincent Lindon. Lorsque Marc Caro et moi avions présenté La cité des enfants perdus (1995) en ouverture à Cannes, nous nous sommes fait laminer et Vincent a été le seul à venir me dire un mot gentil. Je lui en serai toujours reconnaissant. J’aime aussi beaucoup notre président Costa-Gavras et Claude Lelouch qui a soutenu Amélie Poulain avec enthousiasme.



Comment définissez-vous le cinéma indépendant américain aujourd’hui?

Il est toujours aussi vigoureux parce qu’il aborde des thèmes forts et adultes dans une production où le marketing prend trop souvent le pas sur l’artistique. Ce n’est pas nouveau car je me souviens que la Fox avait refusé de produire Le fabuleux destin d’Amélie Poulain au motif que mon film ne ressemblait pas assez à Titanic. C’est ce que j’appelle le «syndrome Mona Lisa» qui consiste à aller vers ce qu’on connaît déjà plutôt que d’essayer des choses nouvelles.

Gardez-vous de bons souvenirs de vos aventures américaines?

Alien, la Résurrection (1997) était une belle expérience car, bien que le tournage ait été difficile, j’ai joui d’une grande liberté. T.S Spivet est, en fait, une coproduction franco-canadienne ce qui m’a permis de garder le contrôle sur le montage du film, le final cut presque impossible à obtenir en Amérique. Cela a rendu furieux le distributeur américain Harvey Weinstein qui n’a pas eu le droit de tripoter mon film et qui a donc décidé de se venger en ne le sortant pas en salles aux Etats-Unis.