CINEMAReda Kateb:«Je ne suis plus la racaille de service»

Reda Kateb:«Je ne suis plus la racaille de service»

CINEMAL'acteur Reda Kateb confirme son immense talent dans «Hippocrate», film puissant sur la vie d'un interne dans un hôpital...
Reda Kateb dans Hippocrate
Reda Kateb dans Hippocrate - Le Pacte
Caroline Vié

Caroline Vié

Vincent Lacoste et Reda Kateb sont les deux héros d’Hippocrate de Thomas Lilti, chronique drôle et grave de la vie d’un jeune interne et de ses confrères dans un hôpital. Le premier, tout en fraîcheur juvénile, découvre la vie quotidienne de l’établissement. Le second, médecin étranger plus expérimenté que le héros, compose entre sa déontologie et des règles draconiennes pour aider les patients de son mieux.

Un grand acteur à découvrir

Ce film drôle et grave présenté à Cannes en clôture de la Semaine de la critique, offre un rôle en or à Reda Kateb qu’on verra aussi bientôt dans en chauffeur de taxi dans Lost River de Ryan Gosling et Qui vive de Carine Tardieu. Le comédien a parlé à 20 Minutes de son expérience sur Hippocrate et des rôles marquants d’une filmographie désormais internationale. Retenez bien son nom: vous n'avez pas fini d'entendre parler de cet acteur brillant au charisme ravageur...

Comment avez vous composé votre personnage?

J’ai fait plusieurs tournées de lits avec de véritables médecins, ce qui a été une expérience formatrice notamment dans la façon dont les patients me regardaient. Leurs yeux, plein de questions, de confiance et d’espoirs, m’ont touché et m’ont aidé à mieux comprendre mon personnage et ses responsabilités.

Quelle place a ce film dans votre carrière?

Il me permet de sortir des rôles de malfrats auxquels on m’a longtemps associé depuis Un prophète (Jacques Audiard, 2009), le film qui m’a fait connaître. Ici, je ne suis plus la racaille de service. J’incarne un homme plein d’empathie, révolté par l’injustice et incapable de se taire s’il estime que ses patients sont maltraités, même si cela peut mettre son avenir en péril.



Qu’avez-vous appris sur l’hôpital à l’occasion du tournage?

Que tout le monde y fait de son mieux dans des conditions pas toujours faciles. Jusqu’alors, je n’avais fréquenté les hôpitaux que comme malade ou visiteur. Le réalisateur, ancien médecin, a beaucoup insisté sur le côté réaliste de l'histoire. Ce film m’aura fait respecter encore davantage les professionnels dont le métier est de soulager et de soutenir.

Êtes-vous conscient d’être parvenu à un tournant de votre carrière?

Comme je n’ai pas de plan de carrière, je ne pense pas en ces termes. Je sais juste que je vis de mon métier d’acteur depuis la série «Engrenages». Je suis aussi conscient du fait que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Je ne me prends pas la tête. J’essaye juste de ne pas me laisser enfermer dans un type de rôles.

Quel souvenir gardez-vous de Zero Dark Thirty où vous avez joué un homme subissant de violentes tortures?

C’était un expérience passionnante car Kathryn Bigelow est une incroyable réalisatrice qui sait pousser ses acteurs sans les brutaliser. Elle m’a un peu rappelé Jacques Audiard dans sa façon de modeler chaque scène en laissant de la place pour l’improvisation. Ces séquences intenses ne m’ont pas traumatisé parce que je me sentais en confiance.

Ryan Gosling était-il aussi bon directeur d’acteurs sur Lost River?

C’était un vrai plaisir de bosser avec lui car on sent qu’il jubile à chaque prise. Il voyait sa vision prendre forme et nous laissait une grande liberté. C’est un vrai plaisir que de travailler avec un autre comédien qui connaît et aime passionnément les acteurs.

Cela vous a-t-il donné envie de passer de l'autre côté de la caméra?

Tout à fait. Je vais bientôt réaliser mon premier court-métrage, Pitchoune. Je ne suis pas du genre à m'endormir sur mes lauriers, ni à me prendre pour une star. Ce qui compte pour moi, c'est le travail et les expériences. Hippocrate en a été une magnifique et J'attends la prochaine avec impatience.