Mads Mikkelsen se venge dans «The Salvation»
CINEMA•Le comédien ne se laisse pas marcher sur les boots dans ce western très violent...Caroline Vié
Faut pas gonfler Mads Mikkelsen. Les fans de l'excellent acteur au visage émacié et au regard perçant le savent depuis Le guerrier silencieux (Nicolas Winding Refn, 2010) où il incarnait un héros borgne et muet et Michael Kolhaas où il s’attirait toutes sortes d’ennuis par son désir de se faire justice. The Salvation lui offre une nouvelle raison de partir en guerre pour venger sa famille assassinée par des bandits.
Un plat qui se mange chaud-bouillant
Le Danois Kristian Levring (Le roi est vivant, 2010) signe un western violent en envoyant son concitoyen massacrer les méchants dans cette fresque sise dans l’ouest américain de 1871. Le pionnier inconsolable enclenche un processus diabolique quand il décide de ne pas céder à la loi du plus fort. «J’avais envie de rendre hommage à l’âge d’or du western tout en livrant une réflexion sur la société et sur l’Europe. L’Ouest américain fait partie de notre culture et de notre histoire».
L’évolution du personnage est fulgurante. Lorsque son avenir lui est brutalement retiré, le héros devient une machine à tuer aussi impitoyable que ceux qu’il traque. «La vengeance fait partie des codes du western. Il me semblait intéressant de montrer comment les circonstances peuvent transformer un homme ordinaire en brute parce qu’il va décider de faire le mauvais choix» dit le réalisateur. Jeffrey Dean Morgan et Eric Cantona, hors-la-loi redoutables, vont lui donner du fil à retordre.
Danois mais universel
«Mads Mikkelsen et moi sommes danois. J’ai donc pensé immédiatement à lui pour le rôle. Il a un côté épique et tragique qui en fait le héros parfait d’un drame sur la vengeance», dit Levring qui filme son acteur dans des paysages somptueux tout en prenant le temps de s’attarder sur des visages marqués par la rudesse de la vie et des éléments. Eva Green, beauté muette, apporte un charme douloureux à cette histoire d’hommes aux saveurs de poussière, de poudre et de sang.
Les cinéphiles reconnaîtront des références aux maîtres du western dont Kristian Levring reconnaît qu’ils l’ont influencés. On pense au jeune Clint Estwood de Pour une poignée de dollars (1964) ou Le bon, la brute et le truand (1966) de Sergio Leone en voyant la haute silhouette de Mikkelsen hanter les plaines sauvages. «Il y a quelque chose de puissant dans la façon dont Mads gère l’action et l’émotion avec sobriété», dit Levring qui va maintenant s’attaquer à un nouveau genre: le film d’horreur sur un script écrit par son vieil ami Lars von Trier…