Jean-Pierre Mocky: «Etre honoré par la Cinémathèque, ça sent le sapin».
CINEMA•Le cinéaste fait l'objet d'un hommage par la Cinémathéque Française jusqu'au 3 août prochain...Caroline Vié
Jean-Pierre Mocky a une réaction immédiate quand on évoque l’hommage que lui rend la Cinémathèque française, dès ce mercredi et jusqu’au 3 août prochain. «Voilà qui sent le sapin», dit le réalisateur. Il promeut également le coffret «Mocky sème la zizanie: 50 ans de cinéma insoumis» (Pathé, 149,99 euros) vendu en exclusivité à la librairie de la Cinémathèque avant sa sortie publique en octobre. 20 Minutes a rencontré le cinéaste octogénaire dans ses bureaux parisiens sis dans l'ancien appartement d'Alfred de Musset…
Repensez-vous à toute votre carrière au moment de vous rendre à la Cinémathèque?
A dire vrai, je ne suis pas fan des honneurs. J’ai d’ailleurs refusé la Légion d’honneur au motif que trop de couillons l’avaient. Je me dis surtout que cet hommage est une bonne occasion de lier les deux parties de ma carrière: celle où j’étais un cinéaste populaire diffusé normalement en salles et celle qui a débuté au milieu des années 2000 quand j’ai commencé à m’autoproduire.
Comment expliquez-vous ce changement de cap?
C’est simple. Tous les producteurs que je connaissais étaient morts ou retraités. En décidant de financer moi-même mes films, j’ai découvert de gros problèmes de distribution. Il faut savoir que la promotion d’un long-métrage coûte, en moyenne, trois cent mille euros et que vous êtes à peu près certain de ne pas rentrer dans vos frais car les salles n’ont pas de place pour les distribuer.
Comment avez-vous résolu ce souci?
En achetant deux cinémas et en faisant des tournées en province avec mes nouvelles œuvres! Là, les journaux annoncent votre venue et vous remplissez les salles. Il suffit que je fasse une présentation à 20 heures dans une ville et une seconde dans la ville d’à-côté à 22 heures pour que cela rapporte davantage en une soirée qu’en une semaine d’exploitation traditionnelle.
Cette situation est-elle difficile pour vous?
Je ne ressens aucune amertume car je n’ai jamais autant tourné! Je me rends compte que je suis aussi extrêmement populaire auprès d’un public qui m’accueille généreusement. Je regrette cependant le formatage du cinéma français actuel. Même mon vieil ami Jean-Luc Godard a du mal à trouver un public pour ses films!