«Le conte de la princesse Kaguya», un nouveau chef-d'oeuvre au compte du studio Ghibli
CINEMA•Isao Takahata, le réalisateur du «Tombeau des lucioles», s'est inspiré d'un classique du conte japonais pour signer un grand film d'animation...Caroline Vié
Comment différencie-t-on un film d’Isao Takahata d’une œuvre de son complice, Hayao Miyazaki, cofondateur avec lui du légendaire studio Ghibli? L’intéressé est clair. «Mes histoires sont ancrées dans le réel alors que celle de Miyazaki-san penchent résolument du côté du fantastique».
Le conte de la princesse Kaguya puise son inspiration du «Conte du coupeur de bambou», classique de la littérature japonaise écrit au Xe siècle sur une petite fille magique découvrant la Terre et ses embarras.
«Je refuse que mon film soit considéré comme un conte de fées, assène Isao Takahata. Je le vois davantage comme une critique d’une époque matérialiste où on néglige les choses essentielles». La petite fille trouvée dans une pousse de bambou s’épanouit en pleine campagne jusqu’au jour où son père adoptif, croyant bien faire, la transplante en ville pour la métamorphoser en noble princesse aux manières policées.
«Il en est de même du rapport que l’être humain entretient avec la nature qu’il veut asservir, dit le cinéaste âgé de 79 ans. Certains m’estiment passéiste mais je défend simplement des valeurs qui comptent pour moi». Un dénouement cruel et beau fait passer son message philosophique en évitant toute forme de prêchi-prêcha.
Un enchantement visuel
Le réalisateur du Tombeau des lucioles (1988) et de Mes voisins les Yamada (2001) s’est entouré de la fine fleur des animateurs japonais pour livrer plus deux heures d’émerveillement dont les teintes pastel et la fluidité dans le mouvement font oublier qu’Isao Takahata ne dessine pas lui-même.
«Aux Etats-Unis, il est assez courant que les cinéastes ne soient pas animateurs, dit-il. Mon travail consiste à fédérer des talents autour de moi pour transposer à l’écran ce que j’imagine dans ma tête». Les changements de style graphique savamment dosés sont autant de témoignages de la virtuosité d’un grand maître porté en triomphe aux festivals d’Annecy et de Cannes où la princesse Kaguya a été reçue de façon enthousiaste.