CINEMATerry Gilliam: «Les gens devraient se sentir moins seuls en voyant «Zero Theorem».

Terry Gilliam: «Les gens devraient se sentir moins seuls en voyant «Zero Theorem».

CINEMATerry Gilliam renoue avec la veine de «Brazil» pour ce conte joyeusement dépressif et totalement barré...
Terry Gilliam et Christoph Waltz sur le plateau de Zero Theorem
Terry Gilliam et Christoph Waltz sur le plateau de Zero Theorem - Hogo Stenson/Wild Side/Le pacte
Caroline Vié

Caroline Vié

Dans Zero Theorem, Terry Gilliam évoque des sujets aussi graves que la solitude, les mathématiques et l’incommunicabilité avec un humour en forme de politesse du désespoir. Ce film constamment inventif autour d’un informaticien agoraphobe campé par Christoph Waltz et d’une jolie noiseuse incarnée par Mélanie Thierry évoque Brazil (1985) par sa poésie sombre et son humour vénéneux. 20 Minutes a coincé Mr. G. quelques jours avant son retour sur scène avec les Monty Python

Pensez-vous que Zero Theorem a un gros potentiel commercial?

Je l’espère car c’est un vrai «feel-good movie». Contrairement aux films hollywoodiens en vogue, cette histoire raconte comment un homme mal dans sa peau ne se sort pas d’affaires. Les gens devraient se sentir moins seuls en voyant Zero Theorem car il y a de fortes probabilités pour que leurs vies soient plus amusantes que celle de mon héros.

Avez-vous repensé à Brazil en réalisant ce film?

Cela voudrait dire que je ne me suis pas renouvelé en trente ans… Je préfère dire que les thèmes qui me sont chers sont toujours les mêmes. Plus sérieusement, j’ai accroché à ce scénario parce que j’aimais l’idée de ce type qui passe à côté de sa vie parce qu’il reste bloqué sur son ordinateur. Sans doute parce que je suis moi-même trop souvent devant mon écran…



Etait-ce un film difficile à financer?

Pas du tout car il n’a pas coûté cher. Dès que Christoph Waltz a signé, on a eu le feu vert! Je suis très fier de ce que Mélanie Thierry et lui ont fait sur le film. J’estime leur avoir donné l’occasion de jouer des personnages très différents de ce qu’ils font d’habitude. Si différents d’ailleurs que je peine à les reconnaître quand je les recroise maintenant.

Qu'allez-vous faire après Zero Theorem?

Si je ne tombe pas raide mort en raison de mon grand âge, j’aimerais bien finir L’homme qui tua Don Quichotte, mon projet avorté dont le tournage a été encore remis en raison du spectacle des Monty Python. Ce film est comme une tumeur, il faut que je m’en débarrasse pour me sentir enfin libre… J’envisage aussi une exposition de mes oeuvres graphiques mais l’endroit où elle se déroulera n’est pas encore choisi.

Pas trop le trac avant de remonter sur scène?

Je joue des personnages grotesques et cela n’est pas foulant donc je ne stresse pas trop. C’est juste fatigant physiquement. Il est cependant étrange de revenir plus de trente années en arrière avec les Monty Python. Je ne suis même pas certain que ce soit une bonne idée mais on a signé pour dix représentations alors je crois qu’il va vraiment falloir y aller…

Le sens de la vie selon Terry G.

Dans Brazil, Terry Gilliam sauvait son héros par le pouvoir de l’imagination. Il n’y a pas d’échappatoire dans Zero Theorem où l’informaticien incarné par Christoph Waltz, génial en pleutre terrorisé à l’idée de vivre loin de son écran, rate tout en recherchant le sens de la vie dans des codes mathématiques. Loin d’être abscons ou déprimant, ce poème sombrement farfelu prouve que son auteur porte légèrement ses 73 printemps. On en ressort vidé et comblé comme après avoir une longue course aux trousses d’un éternel jeune homme. We love you Mr. G!