CANNESLe cinéma français se décline bien au féminin

Le cinéma français se décline bien au féminin

CANNES«Bande de filles» et «Party Girl» ce jeudi avant «Respire» ce week-end… les films français de ce début de festival révèlent des héroïnes fortes, portées par des actrices enthousiasmantes...
De notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane Leblanc

De notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane Leblanc

Bande de filles, que Céline Sciamma présente ce jeudi en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, est un film surprenant. Non parce qu’il s’agit d’un film sur la jeunesse, avec quatre jeunes filles qui tentent d’affirmer leur personnalité dans une cité de la région parisienne. Mais plutôt «parce qu’elles ont la particularité d’être toutes noires», souligne Céline Sciamma. «On est en terrain d’altérité», comme elle dit, avec l’envie de «filmer ces absentes des écrans». Mais également en terrain connu, car le film aborde les mêmes thématiques que ses précédents, Naissance des pieuvres et Tomboy, sur la naissance du désir, la pression du féminin et l’envie d’échapper à un destin tout tracé».

Comme pour ses deux précédents longs métrages, Céline Sciamma a fait appel à un casting d’inconnus. «Les filles noires, ça ne court pas les cours de théâtre et pourtant, on en a vu beaucoup et elles étaient toutes bien. Pour le personnage principal en revanche, il y avait peu de candidates. Parce que je voulais un physique exceptionnel, marquant, inoubliable. Une adolescente, encore un peu enfantine, à la frontière de quelque chose. Bande de filles marque la fin de l’adolescence, comme Naissance des pieuvres en explorait le début de l’adolescence ou Tomboy la fin de l’enfance. Maintenant, je pense que j’ai fait le tour de la question et que je vais passer à autre chose…»

Entre fiction et réalité

Passer à un autre âge, c’est ce qu’ont fait Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis. Ce trio de jeunes réalisateurs se sont fait connaître en remportant le César du court-métrage pour C’est gratuit pour les filles. Ce jeudi, ils présentent leur premier long-métrage, Party Girl, en ouverture de la section Un Certain regard. Un film à mi-chemin entre fiction et réalité, qui frappe par son impudeur, atténuée par infinie délicatesse.

«Ce n’est peut-être pas un hasard si deux des réalisateurs sont des femmes», souligne Céline Sciamma, qui a croisé Marie Amachoukeli lors de ses études à la Fémis et qui apprécie beaucoup le film. Angélique, le personnage principal de Party Girl, est entraîneuse dans un bar en Lorraine. A l’aube de la soixantaine, elle décide d’épouser un de ses clients. L’actrice principale s’appelle aussi Angélique. Elle est entraîneuse, un des réalisateurs est son fils et le film raconte son histoire…

Pervers narcissique au féminin

On sent aussi le vécu dans le choix de Mélanie Laurent d’adapter Respire, le livre d’Anne-Sophie Brasme. Victime d’une histoire similaire dans son adolescence, l’actrice confirme avec ce film éponyme qu’elle a non seulement un vrai talent de cinéaste, mais un sens aigu de la direction d’acteurs. Ou plutôt d’actrices. Pour jouer la perversion narcissique, thème assez casse-gueule, Joséphine Japy et Lou de Laâge sont très convaincantes en camarades de classe capable d’éprouver autant d’amour que de haine l’une pour l’autre.

«J’ai écrit ce film pour elles, avec leurs deux photos sur mon bureau, raconte Mélanie Laurent. Les essais ne m’ont pas du tout convaincu et j’ai eu peur, mais j’avais l’intuition qu’on y arriverait. Ça a pris du temps, quatre mois au cours desquels on est parti à la campagne ensemble, on s’est raconté plein de choses. Joséphine et Lou sont devenues amies pour de vrai, car je voulais qu’elles s’aiment pour jouer la détestation. On a travaillé très minutieusement le moindre détail de leurs personnalités… Et un jour, la magie a fini par opérer.» Coup de cœur de la Semaine de la critique, Respire sera présenté samedi hors compétition.