Jane Campion, présidente du jury: C'est elle qui décidera
CANNES•Michel Ciment, qui publie un recueil d'entretien avec Jane Campion, assure que la cinéaste néozélandaise ne se laissera pas influencer par les autres membres du jury...Stéphane Leblanc
Sera-t-elle autoritaire ou diplomate, fantasque ou réfléchie? «Allez savoir!», s’exclame Michel Ciment, qui connaît bien la présidente du jury, Jane Campion. Le critique et historien de cinéma a rassemblé trente ans d’entretiens avec la réalisatrice néo-zélandaise de La Leçon de piano dans un beau livre, Jane Campion par Jane Campion (éd. Cahiers du cinéma, 45€).
«Elle cherchera à surprendre», assure Michel Ciment, comme lorsqu’elle accordait le Lion d’or de Venise à Hana Bi, de Takeshi Kitano. «En même temps, c’était un film de poète», et son oeuvre, de Sweetie à Bright Star, montre bien qu’elle met «la poésie au dessus de tout».
Le corps désirant d'une femme pour l'autre sexe
Si on a l’image d’une cinéaste féministe, il faut nuancer. «Elle filme ses héroïnes sans les idéaliser, avec leurs imperfections, leur vulnérabilité, précise Michel Ciment. Elle montre le corps désirant d’une femme pour l’autre sexe et ne minore pas l’importance des personnages masculins».
«Ce qui est sur, c’est qu’elle a une forte personnalité, et ne se laissera pas influencer», reprend Michel Ciment qui rappelle qu’à son père, qui lui demandait à 5 ans ce qu’elle avait envie de faire plus tard, elle avait répondu: «Papa, c’est moi qui déciderai!».
Baguette magique
Depuis, Jane Campion a bien évidemment grandi. Et c’est peut-être Harvey Keitel, acteur qui jouait dans Holy Smoke et La Leçon de piano, qui la définit le mieux dans ce message adressé à Michel Ciment pour son livre: «Jane Campion est comme la bonne fée du Nord dans Le Magicien d’Oz. Elle apparaît et, avec un mouvement de sa baguette magique, nous rend plus sensibles à la beauté de cette planète.»