CINEMAGérard Depardieu sur son rôle de DSK: «J’étais un peu dégoûté»

Gérard Depardieu sur son rôle de DSK: «J’étais un peu dégoûté»

CINEMADans la peau de DSK dans «Welcome to New York», Gérard Depardieu a accordé un entretien fleuve à «Télérama»…
Annabelle Laurent

A.L.

A dix jours de la sortie en VOD de Welcome to New York, le film d’Abel Ferrara qui apportera son lot de polémiques en plein Festival de Cannes, Gérard Depardieu s’est confié à Télérama, évoquant son rôle de DSK, celui dans le prochain film d’Abdellatif Kechiche, son exil fiscal, l'alcool, Poutine...

«Je ne me suis pas précipité dans Welcome to New York avec gourmandise. J’étais même un peu dégoûté», explique t-il au sujet de son rôle pour lequel il n'a «revisionné aucune des images qu’on a prises de DSK». «Je n’ai rien lu. Sauf le descriptif qu’a fait le FBI des événements. (…) J’ai rarement besoin d’en savoir trop. Parce que je n’ai jamais étudié. J’ai quitté l’école à 13 ans. J’en ai été complexé jusqu’à 55».

Ce qui l'a intéressé, c'est «surtout ce qu'il y a derrière l'affaire: la tragédie d'un homme au faîte de la puissance et piégé par ses pulsions, parce que ne les remettant jamais en question, trop sûr de lui.»

Sa vie «sauvage»

«Je lis beaucoup désormais. Même si ça m’est encore difficile, parce que je lis comme un paysan qui n’a pas étudié à l’école. Du coup je sors moins, vois moins de gens, deviens sauvage. Comment aimer la vie, sans heurts, si on n’est pas sauvage?», poursuit l'acteur exilé, qui dit vivre sept mois par an hors de France, à Saransk, en Mordovie, à Moscou, en Belgique, en Italie.

Interrogé sur le lynchage médiatique dont il a fait l'objet lors de son exil fiscal en 2012, il répond que «tout était faux. Je ne suis pas parti pour fuir mes responsabilités fiscales, mais parce qu’à 63 ans je n’étais plus sûr de pouvoir donner 87% de mon salaire (et bientôt plus de 100%) à l’Etat, avec les pensions familiales que j’avais à régler et les déductions dont je ne bénéficiais plus pour mes entreprises.»

Il ne tourne d'ailleurs «plus volontiers en France, où il y a bien trop de charges à payer» et où «pour faire 5 millions d’entrées, il faut désormais faire une comédie raciste sur la frontière belge… (…) Le cinéma français est dirigé par des HEC ou des énarques qui ont oublié le sens du récit.» Il se dit malgré tout «heureux» de jouer dans La Blessure, le prochain film d'Abdellatif Kechiche. «Il veut raconter l'histoire de deux garçons arabes. Je jouerai peut-être mon propre personnage. Je ne sais pas encore. Sauf que s'il me fait faire 25 prises comme il en a l'habitude, je risque de me sentir souvent souffrant...»

«J'ai arrêté de boire depuis cinq mois»

L'homme qui avait fait une chute de scooter alors qu'il conduisait ivre en 2012 déclare être désormais sobre. «Peu à peu les alcooliques se cachent, ils ont honte. C'est pour ça que je ne suis pas un alcoolique, je ne me cache jamais. Si je bois - j'ai arrêté depuis cinq mois- c'est par excès de vie. Je suis une nature, comme on dit, un peu con parfois...»

Quant à son ami Vladimir Poutine, il persiste et signe. «Ne me faites pas parler de politique. Je suis un naïf. Vivant une partie de l'année en Russie, je vois juste que Poutine est admiré par la majorité de son peuple. (…) Poutine n’est pas un dictateur: personne ne crève de faim en Russie.»