«Suneung»: Les lycéens coréens rivalisent de cruauté pour réussir leur examen
CINEMA•Le titre du film fait référence à l’examen qui conditionne l’entrée des lycéens dans les meilleures universités… Et la pression peut faire mal…Stéphane Leblanc
C’est la première fois qu’un film coréen réalisé par une femme sort en France. Et c’est un choc. Quand Kim Chapiron filme les rivalités estudiantines, il s’en amuse et ça donne La Crème de la crème. Entre les mains d’une Coréenne, ça rigole moins. Suneung, deuxième long-métrage d’une ancienne enseignante passée à la réalisation, évoque le contexte de compétition extrême entre lycéens lors de l’examen final (le suneung du titre) qui conditionne l’entrée dans les meilleures universités. Humiliations, harcèlement, viol et meurtre; visiblement, certains sont prêts à tout...
«J’ai un peu accentué le trait, reconnaît la réalisatrice Shin Su-won, mais le recours au thriller est un bon moyen pour faire passer le message. Les jeunes n’iraient peut-être pas voir le film autrement».
Des formules chimiques pour fabriquer des bombes
Pour autant, cette ancienne enseignante n’est pas loin de la réalité. «Je me souviens d’avoir surpris de bons élèves qui s’échangeaient des formules chimiques pour fabriquer des bombes ou qui parlaient de faire sauter le lycée. Depuis, la situation ne cesse d’empirer en Corée, où seule une poignée d'universités est capable d’assurer un avenir aux jeunes.»
Aujourd’hui, la Corée du Sud a le taux de suicide le plus important au monde chez les jeunes, devant le Japon. «La pression scolaire n’est pas étrangère à ce phénomène», souligne Shin Su-won. «Les notions de honte et de réputation mises en avant dans le film n’ont rien d’exagéré», ajoute la distributrice du film en France, Bich-Quân Tran.
Dernièrement, le suicide d’une candidate sur le tournage d'une émission de téléréalité en Corée a défrayé la chronique, jusqu’en France. «C’est une histoire terrible, souligne Shin Su-won, qui nous choque mais qui peut aussi nous inspirer, car elle n’est pas étrangère à la pression qu’on met aux jeunes aujourd’hui.»