INTERVIEWGeorge Clooney: «C’est un crime de ne pas protéger les œuvres culturelles pendant les conflits»

George Clooney: «C’est un crime de ne pas protéger les œuvres culturelles pendant les conflits»

INTERVIEWL’acteur-réalisateur raconte la genèse de «Monuments Men», son cinquième film derrière la caméra…
Joel Metreau

Joel Metreau

Ce mercredi sort en France votre cinquième film, Monuments Men. Pourquoi avoir voulu réaliser un film sur la Seconde Guerre mondiale?

J’en connais beaucoup sur la Seconde Guerre Mondiale. J’ai grandi en l’étudiant. C’est une part importante de notre histoire, surtout aux Etats-Unis, et bien sûr en France. Il y a eu de nombreux films sur ce conflit. On a presque couvert tous les sujets pendant 70 ans. Mais je ne connaissais pas l’histoire des Monuments Men. Hitler avait non seulement la volonté de dérober les œuvres d’art, mais surtout de détruire la culture de plusieurs générations d’Européens. On voulait faire un long-métrage comme un de ces vieux films, Les Canons de Navarone ou La Grande Evasion, avec plein de stars et une touche légère. On ne voulait pas faire Il faut sauver le Soldat Ryan, et exploser tout le monde en morceaux.



Pourquoi le sujet des Monuments Men vous tient-il à cœur?

Pour la première fois dans l’histoire d’une guerre, le vainqueur a tout rendu aux pays qui ont été pillés. Depuis, ça ne s’est pas beaucoup produit. Si on ne protège pas les œuvres culturelles, si on ne protège pas les musées en Irak, en laissant dérober ou détruire les pièces, c’est un crime. Et non seulement pour la population irakienne, mais pour toute l’humanité. Cela vaut aussi pour la Syrie ou en Afghanistan avec les Talibans. Car c’est notre histoire. La seule manière de savoir qui nous sommes et d’où nous venons. Les Monuments Men n’ont pas juste été créés pour rechercher des œuvres d’art. Il y a eu une prise de conscience dès que les Alliés ont bombardé l’abbaye du Mont-Cassin, en Italie. Pour les Italiens, c’était eux les barbares. On a presque failli détruire La Cène de Léonard de Vinci!

Pour le film, vous vous êtes inspirés de petites anecdotes relatées dans le livre de Robert Edsel. Un souci de véracité historique?

Les choses les plus folles sont parfois vraies. Quand les Monuments Men trouvent un panneau de l’Autel de Gand, retourné, avec des mineurs qui s’en servaient comme table pour manger, c’est vrai.

Pourquoi avoir modifié les noms des Monuments Men et aussi de Cate Blanchett, qui interprète la Française Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume?

Quasiment tous les personnages sont inspirés de ceux qui ont réellement existé. Mais on a changé leurs noms car on fait un film. On voulait qu’il y ait un flirt entre Matt Damon et Cate Blanchett. Ce qui n’est pas très honnête pour les familles de James Rorimer et de Rose Valland, les vraies personnes. Mais on a voulu montrer combien Rose était héroïque.

Pourquoi vous êtes vous donné le rôle de Frank Stokes, qui rassemble les soldats (Matt Damon, Bill Murray, John Goodman…)?

J’ai adoré son côté touche-à-tout et débrouillard en toutes circonstances. C’était un chouette rôle, qui correspond presque à ce que j’ai dû faire sur le film: recruter l’équipe des acteurs. Aller en Australie pour chercher Cate, demander à chacun d’entre eux s’ils voulaient participer au film... Pour Ocean’s Eleven, ça s’était passé un peu de la même manière.

Et Jean Dujardin?

Jean et moi sommes devenus amis, notamment pendant la cérémonie des Oscars. J’avais vu The Artist à Toronto et je lui ai dit: «Si tu apprends à parler anglais, tu gagneras l’Oscar.» Je n’aurais jamais dû lui dire ça (rires). Je l’adore. Il n’y avait pas de Monuments Men français, mais je voulais Jean dans le film, on a donc écrit un rôle pour lui. C’est l’un des hommes les plus amusants que j’ai jamais rencontrés. Trois ans auparavant, avant qu’il n’ait appris l’anglais, on arrivait à peine à discuter. Mais on pouvait quand même communiquer tellement c’est un bon mime.

Avez-vous de nouveaux projets de réalisation?

C’est un des films à plus gros budgets que j’ai tourné: 70 millions de dollars. Mais c’est beaucoup trop de pression. Le prochain sera à plus petit budget.