«12 Years a Slave», le grand film sur l'esclavage
CINEMA•Le nouveau film de Steve McQueen bouleverse en montrant l'esclavage de façon réaliste...Caroline Vié
Récompensé à Toronto, couronné par le Golden Golden Globe du meilleur drame, cité neuf fois aux Oscars, 12 Years a Slave de Steve McQueen a créé une véritable onde de choc pour le public américain. Le calvaire de Solomon Northup, homme libre kidnappé et vendu comme esclave dans l’Amérique de 1841 a bouleversé les spectateurs. «Ce film est l'équivalent pour l’esclavage de ce que La liste de Schindler de Steven Spielberg était pour la Shoah, explique Didier Allouch, correspondant cinéma à Hollywood pour Canal+. Il évoque un sujet dont les spectateurs estiment qu’il aurait dû être traité depuis longtemps par le 7ème Art».
L’esclavage vu de façon réaliste
Le réalisateur d’Hunger et Shame décrit sans concession les épreuves d’êtres humains traités comme des bêtes par des propriétaires qui ont tout pouvoir sur eux. «Il me semblait important de faire contraster la beauté paisible des paysages des plantations avec les horreurs s’y déroulant au quotidien. C’est aussi pour cela que j’ai beaucoup travaillé la bande-son», dit le cinéaste. Chiwetel Ejiofor, éblouissant en père de famille joueur de violon et petit commerçant prospère, est pris dans l’engrenage d’un système qui semble normal à ceux qui l’appliquent. «Tous les esclavagistes n’étaient pas des sadiques, insiste McQueen. Ils étaient les produits d’une époque».
Une pléiade de stars
Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Brad Pitt et Paul Giamatti ont accepté des rôles peu reluisants, mais la palme revient à Michael Fassbender, acteur fétiche du réalisateur, terrifiant en maître dévoré de désir pour une jeune esclave. Les malheurs de la pauvrette déchirée entre la concupiscence de l’homme et la jalousie de son épouse débouche sur l’une des scènes les plus éprouvantes du film. «L’idée n’était pas de dégoûter, insiste Steve McQueen, mais de montrer comment les choses se déroulaient vraiment. S’il existe beaucoup de films sur l’esclavage, je souhaitais que le mien ne soit pas vu comme un film de genre». C’est sans doute ce qui explique l’accueil triomphal de cette œuvre radicale d’une puissance rare.