CINEMA«Tel père, tel fils» joue un air de famille bouleversant

«Tel père, tel fils» joue un air de famille bouleversant

CINEMAAvec «Tel père,tel fils», Hirokazu Kore-Eda brosse un tableau fascinant de la famille japonaise en s'interrogeant sur la notion de paternité...
Caroline Vié

Caroline Vié

Hirokazu Kore-Eda, réalisateur de I wish, s’est confié à 20 Minutes au dernier Festival de Cannes. Il a parlé de sa notion de paternité au sujet de Tel père, Tel fils, film sur deux familles dont les enfants ont été changés à la naissance.

Votre paternité a t-elle eu une influence sur votre façon de considérer le cinéma ?

Il est certain que je n’aurais jamais eu l’idée de réaliser Tel père, tel fils si je n’avais pas été père. Quand ma fille est née, je me suis posé beaucoup de questions sur la notion même de paternité. Je me suis demandé sur ce qui faisait de quelqu’un un père. Etait-ce le lien biologique ou le temps que je passais avec ma fille qui faisait de moi son papa ?

Vous vous êtes donc inspiré d’un fait divers pour pousser ce questionnement à l’extrême ?

Tel père, tel fils est très librement inspiré de la réalité mais il s’agit d’une fiction destinée à réfléchir sur cette problématique. C’est de là que m’est venue la notion de l’échange d’enfant entre deux familles. J’ai décidé que les gamins auraient six ans parce que c’est un âge où ils sont pleinement conscients de ce qui se passe autour d'eux.

Comment avez-vous choisi les deux familles ?

Il fallait qu’elles soient totalement différentes pour que le changement paraisse radical et qu’elles aient du mal à communiquer. Je voulais cependant que dans les deux cas, il s’agisse de gens normaux, tentant de faire de leur mieux pour leurs enfants. Ils n’étaient pas question de montrer des parents parfaits.

Pensez-vous que maternité et paternité impliquent un amour différent ?

Absolument. Je suis persuadé que les femmes ont un attachement physique presque animal à leur enfant tandis que les hommes ressentent le besoin d’intellectualiser cet amour. C’est pour cela que les mamans du film acceptent moins bien l’idée d’échanger les enfants que leur mari. Elles sont davantage dans l’affect…

Que feriez-vous fait à leur place ?

J’accepterais l’échange ! Je serai dévasté de me séparer de l’enfant que j’ai élevée jusqu’à ses cinq ans mais je serais convaincu que c’est la solution raisonnable. Cela dit, je ne suis pas certain que ma femme appouverait ce choix...

La paternité en question

Que feriez-vous si vous découvriez du jour au lendemain que votre enfant a été échangé à la maternité? Telle est la question que pose Hirokazu Kore-Eda dans Tel père, tel fils. Il montre avec délicatesse comment deux familles japonaises, l’une riche, l’autre moins, réagissent quand elles doivent faire face à cette situation impossible. Son humour discret comme sa sensibilité sont remarquables dans cette chronique boulerversante. Elle a remporté le Prix du Jury au Festival de Cannes séduisant le président Steven Spielberg au point qu'il en aurait acquis les droits d’adaptation.