CINEMAVidéorama: L'ère Thatcher, cible du cinéma britannique

Vidéorama: L'ère Thatcher, cible du cinéma britannique

CINEMADe nombreux cinéastes, Ken Loach en tête, ont dénoncé les ravages sociaux du thatchérisme, pendant et après le règne de la «Cruella du 10, Downing Street»...
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

«Il suffit de regarder autour de soi et de raconter ce que l'on voit. Alors on est forcément anti-Thatcher», déclarait Ken Loach en 1991. Venant du chef de file du cinéma social en Europe, des propos plus mesurés auraient été surprenants. Mais au-delà de Ken Loach, réalisateur le plus emblématique de la contestation intellectuelle anti-Thatcher, toute une partie du cinéma britannique a raconté et dénoncé, dans les années 1980 et 1990, l’Angleterre des laissés-pour-compte. Sans jamais s’interdire de choisir la comédie pour témoigner de la rudesse du chômage et de la misère sociale.

My beautiful Laundrette (1985) de Stephen Frears

Vingt-cinq ans avant The Queen, le célèbre cinéaste britannique racontait l’histoire d’amour entre un jeune immigré pakistanais et un jeune Anglais (Daniel Day-Lewis) mêlé à un gang, dans l’Angleterre en crise. Affrontant le chômage, le racisme et l’homophobie, le couple d’amants résiste malgré tout, à la tête d’une vieille laverie automatique, la «beautiful laundrette». Introduit par une scène d'évacuation d'un squat par les forces de l'ordre, le film attire à l’époque l’attention sur l’ampleur de la crise dans l’Angleterre de l’ère Thatcher.



Life is sweet (1990) de Mike Leigh

Dans une lugubre banlieue de l’Angleterre de l’ère Thatcher, un couple et leurs deux filles jumelles résistent aux épreuves avec optimisme, le temps d’un été. Six ans avant sa palme d’or cannoise pour Secrets et Mensonges, la chronique tragi-comique de Mike Leigh connaît un énorme succès commercial à sa sortie en 1990.



Raining Stones (1993) de Ken Loach

Trois ans après Riff-Raff (1990) qui traitait de la réinsertion d’un jeune, Raining Stones entraîne le spectateur dans le quotidien de travailleurs à la périphérie de Manchester, sous le post-thatchérisme, à travers l'histoire de la famille Williams et de son chef Bob, au chômage depuis de longs mois. Le film remporte le Prix du Jury à Cannes et sera suivi d’une très longue série de films engagés (Ladybird, My name is Joe…).




Trainspotting (1996) de Danny Boyle

Aujourd’hui culte, le film trash et déjanté signé du trio John Hodge-Danny Boyle-Andrew Macdonald témoigne en 1996 des conditions de vie sordides de la jeune génération dans une Écosse en pleine dépression économique. Bonne nouvelle pour les fans: Danny Boyle compte tourner la suite en 2016.



Les Virtuoses (1996) de Mark Herman

Au milieu des années 1980, des mineurs et leurs familles se battent contre la fermeture de leur mine, à Grimlet, dans la région du Yorkshire. La fanfare de la mine résiste, et son chef, Dany, voit grand: il rêve de participer aux finales du championnat national des fanfares au Royal Albert Hall. Sorti en 1996 au Royaume-Uni en 1996, juste avant les élections générales de 1997, le bouleversant récit de Mark Herman est perçu à l’époque comme un film de propagande anti Thatcher.



The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo

Même région sinistrée: le Yorkshire, et la ville de Sheffield, qui fut autrefois le joyau de l’Angleterre. La comédie de Peter Cattaneo évoque le désarroi d’une classe ouvrière en quête désespérée de petits boulots… jusqu’au jour où débarque une troupe de Chippendales. Après le triomphe de Quatre mariages et un enterrement, centrée sur la middle-class, le succès de cette comédie sociale est un incroyable phénomène: produite pour moins de 4 millions de dollars, elle engrangea 257 millions de bénéfices net dans le monde.



Billy Elliott (2000) de Stephen Daldry

Billy Elliott a dix ans en 1984, en pleine grève des mineurs. Son frère est mineur, son père est mineur, comme presque tous les hommes de Durham Coalfield, au nord-est de l’Angleterre. Le combat désespéré des ouvriers miniers contre la politique Thatcher sert de toile de fond à l’intrigue principale, celle d’un garçon qui a le culot de préférer le ballet à la boxe.