«Syngué Sabour»: Golshifteh Farahani, la belle exilée
PORTRAIT•Golshifteh Farahani est l'héroïne du livre d'Atiq Rahimi, lauréat du prix Goncourt en 2008...Caroline Vié
Une femme afghane se confie à son mari dans le coma, tandis qu'au-dehors la guerre fait rage. Le résumé de Syngué Sabour-Pierre de sagesse ne dévoile qu'une infime parcelle de la belle histoire qu'Atiq Rahimi, auteur du roman éponyme et lauréat du prix Goncourt 2008, a porté à l'écran. Et ne révèle pas la force de la performance de Golshifteh Farahani, silhouette frêle qui se redresse progressivement. «J'ai voulu incarner ce personnage au point de me battre pour parvenir à convaincre Atiq de me le confier, dit-elle. Il me trouvait trop jeune et trop belle pour le rôle.»
Portrait d'une femme forte
Golshifteh Farahani comprend la femme qu'elle incarne. «Je sais ce que c'est que de ne pas avoir sa place dans la société. J'aime cette idée de la “pierre de patience” qu'on remplit de ses confidences jusqu'à ce qu'elle explose en vous libérant de votre fardeau.» L'actrice iranienne vit en exil après avoir refusé de se voiler pour apparaître dans Mensonges d'Etat (2008) de Ridley Scott. «Je dis très fort “Vive la France!” qui m'a recueillie, mais mon pays me manque», soupire-t-elle.
Auteur de Elle joue (coécrit avec Nahal Tajadod, Albin Michel, 20,90 euros), la presque trentenaire a plus d'une corde à son oud. Elle rougit quand on lui dit qu'elle est un modèle pour les jeunes filles: «J'essaie juste de prendre les choses de façon positive.» Pas facile quand elle explique que le gouvernement interdit désormais aux cinéastes iraniens, tel Asghar Farhadi qui la dirigea dans A propos d'Elly (2009) de la faire tourner. «Cela ne m'empêche pas de travailler ailleurs», conclut-elle. Ailleurs, c'est New York où elle part faire du théâtre, puis la France où Christopher Thompson va bientôt la diriger.