«Zero Dark Thirty»: Ben Laden dans le viseur de Bigelow
CINEMA•Après «Démineurs», Kathryn Bigelow signe un film coup-de-poing sur la capture d'Oussama ben Laden...Caroline Vié
On n'avait plus entendu parler de Kathryn Bigelow depuis sa récolte d'oscars pour Démineurs (2010). Avec son complice, le scénariste Mark Boal, elle s'attaque dans Zero Dark Thirty à la traque de Ben Laden. Un film dont ils durent réécrire le scénario lorsque le chef terroriste fut tué en mai 2011. «Cela aurait été pire pour nous si cela s'était produit une fois le film terminé», plaisante Bigelow.
Un suspense haletant
L'humour de la dame n'apparaît pas vraiment dans ce film passionnant. «La difficulté était de bâtir un suspense sur une histoire dont le spectateur connaît la fin», explique Mark Boal. C'est ensemble qu'ils choisissent de centrer l'action sur le personnage de Maya (formidable Jessica Chastain), agent de la CIA qui se laisse dévorer par cette traque sans merci. Bigelow ne la ménage pas davantage que le spectateur.
>> Retrouvez la fiche du film par ici
Dès le début du film, elle assiste à des scènes de torture dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles sont éprouvantes. «Cela faisait partie des techniques de recherche et il était impossible de ne pas les montrer», insiste Bigelow en réaction à ceux qui l'accusent de complaisance comme à ceux qui lui reprochent de donner une mauvaise image de son pays. La violence de ces passages témoigne de la répugnance de la réalisatrice pour des méthodes pudiquement baptisées «interrogatoires améliorés» par l'armée américaine.
En véritable générale, c'est avec un soin minutieux qu'elle a orchestré le raid final. «Je voulais immerger le public dans l'action, lui donner l'impression de se trouver au milieu de soldats tentant de trouver leur chemin dans l'obscurité.» Superbement documenté, magnifiquement mis en scène et brillamment interprété, Zero Dark Thirty n'est pas qu'une leçon d'histoire. «Nous avons essayé de trouver l'équilibre entre réalisme et fiction, déclare Mark Boal. Notre film n'a pas la vocation d'être un documentaire.» Il offre, dans tous les cas, un moment fort de cinéma.