«L'Odyssée de Pi»: Un pétard mouillé
CINEMA•Le film d'Ang Lee est un peu long...Caroline Vié
Ang Lee s'est fait plaisir en portant à l’écran le best-seller de Yann Martel. L’Odyssée de Pi, c’est l’histoire d’un adolescent perdu en pleine mer après un naufrage, qui cohabite avec un tigre sur une embarcation de fortune. Cette fable à haute teneur mystique, c’est un peu comme si le héros de Seul au monde de Robert Zemeckis et Bear Grylls, célèbre aventurier télévisuel, s’étaient donné la main pour monter à bord.
Salmigondis oecuménique
On se met en train avec un long moment de parlote où le héros raconte sa vie pré-catastrophe à un journaliste. Comprendre qu’il lui lit des passages du bouquin avec un sourire béat. Le reporter est athée. L’homme sage et croyant. Ang Lee illustre leurs propos avec de beaux plans dont l’esthétique clinquante peut faire grincer des dents quand on ne regarde pas sa montre. Dans la deuxième partie, le héros tombe à l’eau et se métamorphose en MacGyver nautique et bien coiffé. La troisième partie invite l’incrédule à l’être moins en un salmigondis oecuménique d’une naïveté confondante.
Le second degré n’est pas au menu d’un film qui rappelle davantage La Passion du Christ de Mel Gibson que Le Sens de la vie des Monty Python. Ang Lee y va franco, ce qui provoque un certain respect teinté de stupéfaction. Son côté «roudoudou les belles images» peut séduire quand on voit le film dans une 3D fort bien utilisée. Mais la pesanteur de l’ensemble fait prendre l’eau à une oeuvre qu’on aurait préféré voir adaptée par Jean-Pierre Jeunet, qui s’y intéressa.
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