«Thérèse Desqueyroux»: Portrait d'une femme libre
CINEMA•L'ultime film de Claude Miller, disparu peu après l'avoir terminé...caroline Vié
Audrey Tautou pétille comme de la braise dans Thérèse Desqueyroux. L'ultime film de Claude Miller est bien plus qu'une adaptation académique du roman de François Mauriac. Un demi-siècle après la version de Georges Franju mettant en scène Emmanuelle Riva, le réalisateur de L'Effrontée (1985) et de La Petite Voleuse (1988) offre une œuvre vibrante présentée à Cannes, hors compétition.
La liberté à tout prix
Le cinéaste souffrait déjà du cancer qui l'a emporté en avril, lorsqu'il a choisi de raconter l'histoire de cette bourgeoise des années 1920 prête à aller jusqu'au crime pour s'affranchir d'un milieu sclérosant. La région landaise, riche en paysages somptueux, rend d'autant plus cruel l'enfermement d'une femme en avance sur son temps.
Tautou, petite bonne femme à la fragilité trompeuse, se heurte et se blesse contre le roc Gilles Lellouche, monolithe de bêtise pétrifié par la peur du qu'en-dira-t-on. Cette héroïne, filmée avec tendresse par un homme qui aimait les femmes et les actrices, trouve parfaitement sa place au milieu de celles qu'incarnèrent de belles natures comme Charlotte Gainsbourg, Romane Bohringer ou Ludivine Sagnier dans la filmographie de Claude Miller.
La dernière image de Thérèse, enfin libérée, fait sourire avec une pointe d'amertume en évoquant le goût immodéré pour la liberté du réalisateur, éternel jeune homme qui n'a pas fini de nous manquer.
La bande annonce: