Mads Mikkelsen a largement mérité son prix d’interprétation à Cannes pour La Chasse de Thomas Vinterberg. L’acteur danois nous fait souffrir avec lui dans la peau d’un brave type injustement accusé de pédophilie. «Dans la première partie du film, nous avons rendu son personnage le plus sympathique possible afin que le public soit à fond avec lui quand les choses tournent mal», déclare le réalisateur, connu notamment pour Festen (1998) et Submarino (2010).

Le calvaire d’un faux coupable

Innocent, le héros du film l’est et le spectateur le sait. «Mads a parfaitement intégré cet élément dans son jeu. Il fallait qu’il donne l’impression que l’injustice pèse de plus en plus lourdement sur ses épaules», raconte Vinterberg. Mis au ban de sa communauté, bafoué, humilié, maltraité, cet éducateur divorcé, père d’un adolescent, perd tout du jour au lendemain. «C’était très dur à jouer, affirme Mikkelsen. Je rentrais du tournage vidé comme un poulet.»

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Loin du méchant sophistiqué de Casino Royale (Martin Campbell, 2006) ou du soldat mutique du Guerrier silencieux (Nicolas Winding Refn, 2010), le comédien tire des larmes en écorché vif, crucifié par le qu’en-dira-t-on. «Mads a prouvé qu’il pouvait tout jouer : son registre me semble illimité», assène Vinterberg. Ce beau gosse qui accepte de torpiller son image en se faisant humilier à l’écran est de l’étoffe dont on fait les stars. Chapeau bas.