Michael Haneke: «Je dois tout à mes acteurs»
INTERVIEW•Avec «Amour», Michael Haneke signe son plus beau film...Caroline Vié
Trois ans après Le Ruban blanc, Michael Haneke a obtenu sa deuxième Palme d'or pour Amour. Récompense méritée tant cette chronique d'un couple à la fin de sa vie brasse des émotions puissantes. Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva – époustouflants – s'aiment jusqu'à la fin dans cette œuvre que sa sobriété rend d'autant plus forte. Amour est de ces films, ennemis de l'eau de tiède, qui rappellent pourquoi on aime le cinéma. Rencontre avec le gentleman autrichien.
Comment avez-vous choisi le décor dans lequel évolue le couple?
C'est une reproduction fidèle de l'appartement de mes parents. Je n'en ai pas décidé ainsi pour des raisons émotionnelles, mais parce que ce lieu m'était familier tout en étant assez grand pour que chaque déplacement puisse sembler pénible à mes héros.
Le personnage de leur fille dépassée, campée par Isabelle Huppert, est-il votre alter ego?
Non, mais je suis proche d'elle. On a tous ressenti ce genre de choses avec nos proches, cette impression d'être impuissant, voire importun, alors qu'on cherche à aider.
Quelle est la situation sociale de vos personnages?
J'ai parlé de ce que je connais: des intellectuels aisés. Cela me permettait aussi de montrer l'étendue de la déchéance de cette femme, qui a été brillante avant de décliner.
Etait-il difficile de trouver vos acteurs?
J'ai écrit le rôle pour Trintignant, puis Emmanuelle Riva s'est imposée comme une évidence. Tous deux ont fait montre d'un courage remarquable. Ce sont des rôles d'autant plus difficiles qu'ils ont l'âge des héros, ce qui est douloureux. Il fallait oser se mettre ainsi en danger. Sans eux, mon film n'existerait pas. Je dois tout à mes acteurs.
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