Melvin Van Peebles, pionnier du cinéma noir américain
CINEMA•Le Festival de Deauville lui a rendu hommage cette année. Rencontre...Caroline Vié
Octogénaire souriant, Melvin Van Peebles n'a rien perdu du punch qui lui a permis de s'imposer comme l'un des pionniers du cinéma noir américain, après avoir exercé des boulots aussi variés que conducteur de tramway ou employé de la poste. «On me disait “Tu n'y arriveras jamais”», se souvient-il en français. Cela m'a secoué en profondeur, je me suis mis au boulot et j'ai fait des films.»
Ne rien lâcher
Cette année, le Festival du film américain de Deauville lui a rendu hommage, avec, notamment une cabine de plage portant son nom. «Ils ont même orthographié mon nom correctement», sourit-t-il, malicieux. Son humour affleure à chaque instant. «Quand je revois mes films, je me dis que je suis un génie», plaisante-t-il. Des films comme Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971), l'histoire d'un homme révolté qui lança le mouvement de la Blaxploitation. «C'est ma plus grande fierté que de me dire que j'ai ouvert la porte pour les autres cinéastes noirs», déclare Melvin, qui partage sa vie entre Paris et Los Angeles.
S'il n'a plus tourné de long métrage depuis Le Conte du ventre plein (2000), cet éternel jeune homme continue à écrire et à mettre en scène des pièces de théâtre. «Ma principale motivation est mon miroir. Il suffit que je me regarde pour avoir envie de me bouger.» Lui croit fermement en l'avenir du cinéma. «Je ne veux pas avoir l'air d'un vieux réac, mais quand j'étais jeune, c'était cher et compliqué de faire un film. Maintenant, grâce au numérique, n'importe qui peut s'y mettre. Alors qu'attendez-vous?»
Il évoque encore le temps où le cinéma hollywoodien ne voulait pas de Noirs et sa volonté de faire bouger les choses « en luttant et ne lâchant jamais le morceau». On perçoit alors la force et la tenacité qui animent toujours ce cinéaste majeur, aïeul au regard d'enfant.