Réseaux sociaux« Cheese Challenge », « unboxing »… Le droit à l’image des enfants peu respecté

« Cheese Challenge », « police des enfants »… Le droit à l’image des mineurs trop peu respecté

Réseaux sociauxAprès la « majorité numérique » à 15 ans, une autre proposition de loi sera examinée lundi par l’Assemblée nationale visant à protéger le « droit à l’image » des enfants
Hakima Bounemoura

H. B.

Mises en scène dégradantes pour faire rire, influenceurs qui font commerce de leur vie de famille mais aussi photos que les parents croient banales, le « droit à l’image » des enfants sort trop souvent du cadre sur les réseaux sociaux, alertent les pouvoirs publics et de nombreuses associations.

Sur fond d’offensive de la majorité présidentielle pour réguler l’usage des réseaux sociaux par les enfants et les adolescents, à l’image de l’adoption jeudi par les députés d’une « majorité numérique » à 15 ans, une autre proposition de loi sera examinée lundi par l’Assemblée nationale visant à protéger le « droit à l’image » des enfants.

« Des violences éducatives numériques »

Jeter une tranche de fromage fondu au visage d’un bébé et filmer sa réaction. Le concept du « Cheese Challenge » est ainsi devenu viral sur TikTok. Des vidéos sur lesquelles on voyait des bébés pleurer ou essayer maladroitement d’enlever le fromage, sous les rires des parents, ont été visionnées des millions de fois. D’autres mettent en scène leur vie de famille : une mère avec 1,2 million d’abonnés filme ses enfants relevant des défis pour de l’argent ou incite sa fille de 10 ans à faire semblant de fumer pour tromper son petit frère. Certains pratiquent quant à eux l'« unboxing », qui consiste à filmer un enfant en train de déballer un produit, et ainsi en faire la promotion.

Dérives isolées d’influenceurs en mal de notoriété ? Pas seulement. Le canular, la « police des enfants », a fait florès sur les réseaux sociaux. Le principe consiste à diffuser l’enregistrement d’un faux policier : « votre enfant ne vous écoute pas ? On va le mettre en prison. On arrive ». Le parent filme l’enfant effrayé ou en pleurs.

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« Il y a des parents qui gagnent plusieurs milliers d’euros par mois en balançant des cuillers de purée à la tête de leur enfant. Ces pratiques s’apparentent à des violences éducatives numériques, alors qu’on s’est battus pour faire disparaître la fessée et d’autres pratiques humiliantes », déplore Thomas Rohmer, président de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Education Numérique (Open).

Des photos qui peuvent se retrouver sur des réseaux pédocriminels

Au-delà des dérapages mettant en scène des enfants sur les réseaux sociaux et le Web, la diffusion à outrance de photos ou vidéos jugées banales ou innocentes mais qui restent des années sur le Net, peut constituer de sérieuses entorses au droit à l’image des enfants, mettent en garde les associations. La Défenseure des Droits, dans son rapport annuel en novembre, avait ainsi appelé les parents à mieux respecter le droit à l’image et la vie privée des enfants.

Même innocentes, des photos peuvent se retrouver sur des réseaux pédocriminels. « 50 % des photos qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux. Certaines images, notamment les photos de bébés dénudés ou de jeunes filles en tenue de gymnastique, intéressent tout particulièrement les cercles pédocriminels », explique le député Renaissance Bruno Studer, à l’origine du texte qui sera étudié ce lundi par l’Assemblée nationale.