C’est quoi Hive Social, la nouvelle alternative à Twitter ?
réseaux sociaux•Si Hive Social grimpe en flèche depuis plusieurs semaines, ce nouveau réseau social est loin d’être parfaitManon Aublanc
L'essentiel
- Entre licenciements massifs, perte d’annonceurs et réduction de la modération, l’avenir de Twitter est devenu très incertain depuis le rachat du réseau social par Elon Musk.
- Face au chaos, certains utilisateurs se tournent déjà vers d’autres réseaux sociaux, comme LinkedIn, Discord, Mastodon.
- D’autres ont choisi Hive Social, un réseau social à mi-chemin entre Instagram, Facebook et MySpace.
Alors que Twitter poursuit sa descente aux enfers, les réseaux sociaux concurrents se tirent la bourre, façon Tout le monde veut prendre sa place. Si les noms de Mastodon ou de Discord sont régulièrement cités comme les possibles héritiers de la firme à l’oiseau bleu, un petit nouveau pourrait bien tirer son épingle du jeu. Il s’agit de Hive Social, une plateforme présentée comme libre et inclusive, qui monte en puissance depuis quelques semaines.
C’est en octobre 2019 que l’influenceuse américaine Raluca Pop, aussi appelée Kassandra Pop, fatiguée des algorithmes, des publicités et des restrictions sur Twitter et Instagram, imagine ce réseau social nouvelle génération. Après plusieurs mois de travail, la jeune femme, étudiante à cette époque, lance l’application en juin 2019 avec l’aide d’un développeur.
Un « safe space »
Et c’est visiblement réussi, selon le magazine Teen Vogue, qui a présenté Hive comme une plateforme qui « combine les fonctionnalités appréciées de Instagram et de Twitter, avec un soupçon de nostalgie de MySpace ». Les internautes peuvent publier, partager ou liker des statuts, s’abonner à d’autres personnes, insérer des photos ou des vidéos, répondre à des questions ou rejoindre des communautés thématiques. Mais ils peuvent aussi associer une musique à leur profil, qui se lance automatiquement quand on visite la page… comme le faisait MySpace à l’époque.
Se présentant comme un « safe space », Hive Social a misé sur la sécurité et l’inclusivité pour séduire ses utilisateurs. Lors de la création de leur profil, ils peuvent choisir un ou plusieurs pronoms pour se décrire, paramétrer certaines options pour ne pas afficher automatiquement les images reçues en message privé ou les contenus NSFW (Not Safe For Work), c’est-à-dire les contenus à caractère sexuel, qui ne sont pas tous interdits sur la plateforme.
Pour autant, pas question de censurer automatiquement la nudité, comme l’a fait Instagram à une époque. Dans sa charte, Hive Social explique que les « images nues qui sont intrinsèquement artistiques ou créatives » pourront être publiées, à condition que la mention NSFW apparaisse. Une mention qui permettra de bloquer ces contenus pour les utilisateurs mineurs.
Un million d’utilisateurs
Un autre argument de poids pourrait convaincre les plus réticents. A la différence d’Instagram, Hive n’utilise pas d’algorithme de tri, les publications s’affichent simplement par ordre chronologique. Autre différence de taille, la monétisation ne repose pas sur les contenus publicitaires, mais sur l’achat de « blocs » de musique supplémentaires : 0,99 dollar pour le deuxième, 1,99 dollar pour le troisième ou quatrième.
Des critères qui ont visiblement séduit les internautes. Le 21 novembre, ils étaient plus d’un million à utiliser Hive Social, un chiffre qui a explosé en quelques semaines, a fait savoir le réseau social… sur son compte Twitter.
On dit merci qui ? Si Hive Social n’a aucune raison de remercier Jacquie et Michel (évidemment que vous l’avez), c’est à Twitter qu’il faut serrer la main. Depuis l’arrivée d’Elon Musk, l’entreprise californienne traverse une zone de turbulence. Une agitation qui a profité à tous ses concurrents, dont Hive Social, qui a bénéficié de l’exode d’une partie des utilisateurs de Twitter. Et pour cause, la personnalité clivante et les prises de position d’Elon Musk y sont pour beaucoup. Certains utilisateurs, mécontents, ont quitté le réseau social après l’annonce de la création d’un abonnement à 8 dollars, « Twitter Bleu », permettant à n’importe qui d’obtenir la certification de son compte. D’autres craignent une hausse des discours de haine sur la plateforme. Parmi les employés licenciés à l’arrivée d’Elon Musk figurent une grande partie des équipes de modération, laissant craindre une baisse des contrôles.
Un réseau social encore en chantier
Mais ce tout jeune réseau social est encore en chantier. Résultat, de nombreux bugs ont été relevés par les utilisateurs. D’abord, il est accessible uniquement sur smartphone, sous iOS ou Android, mais pas encore sur le Web, un manque critiqué par certains utilisateurs. L’application présente aussi des problèmes de sécurité et de protection des données. L’identification à deux facteurs, qui consiste à sécuriser l’accès à son compte avec un deuxième code en plus du mot de passe, n’existe pas sur Hive Social. Ensuite, pour partager des photos, l’application demande l’accès total à votre bibliothèque, entraînant un risque important de piratage.
Autre problème, les messages privés ne sont pas chiffrés de bout en bout, exposant les utilisateurs à un piratage potentiel. « La tendance est plutôt à du chiffrement partout : Signal et WhatsApp l’ont par défaut. Et à terme, Messenger, Instagram ou encore Twitter sont sur cette trajectoire », explique Numerama dans un article consacré à l’application. Début novembre, des utilisateurs ont rencontré des problèmes d’identification ou de création de compte. Pour certains, impossible de se créer un compte, pour d’autres, ils ont eu la surprise de découvrir des identifiants identiques au leur. Le 19 novembre 2022, l’entreprise a également admis que des personnes s’étaient « introduites de force dans le système (…) et ont utilisé un moyen détourné pour entrer ».
Hive Social a déjà promis des modifications pour améliorer la sécurité et la protection des données de ses utilisateurs. Mais ces mises à jour demandent de l’argent. Au lancement du projet, la fondatrice, Raluca Pop, avait contracté deux prêts personnels, avant de recevoir 25.000 dollars d’un investisseur, a-t-elle expliqué à Newsweek. Pour pouvoir fonctionner, la plateforme a également lancé une campagne de financement participatif sur WeFunder, qui a déjà récolté plus de 300.000 dollars.