Bordeaux met la barre à gauche
LEGISLATIVES•La gauche a encore progressé à Bordeaux au soir du premier tour des législatives. Prochaine étape pour le PS, les municipales de 2014?Mickaël Bosredon
La ville de Bordeaux est-elle en train de virer de bord? Dimanche soir, un nouveau coup de tonnerre politique s’est produit, cette fois dans la première circonscription de la Gironde (Bordeaux-Caudéran, Le Bouscat...). La députée sortante Chantal Bourragué (UMP) n’a devancé Sandrine Doucet (PS) que de 1,04 %, dans une circonscription pourtant marquée à droite. A Caudéran, qui constitue traditionnellement une réserve de voix pour droite, le PS progresse de douze points par rapport à 2007. La députée sortante estime que c’est « le manque de mobilisation » de l’électorat de droite qui explique en grande partie ce score serré. Le politologue Jean Petaux pense, lui, que la candidate UMP est «en vrai danger», et l’explique par l’évolution de l’électorat ces dernières années, «qui a voté à 55 % pour Hollande dans cette circonscription», rappelle-t-il, et par «une forme d’usure d’une partie de la droite bordelaise, pas très présente sur le terrain ces dernières années.»
Feltesse a «méchamment envie d'y aller»
Dans la deuxième circonscription (Bordeaux-centre), la candidate sortante Michèle Delaunay (PS), qui l’avait emporté de justesse en 2007 face à Alain Juppé, est cette fois partie pour réaliser un bel écart au soir du 17 juin, forte de ses 43,5% de voix à l’issue du premier tour. «Et l’ensemble de la gauche fait 58%» souligne Michèle Delaunay. Pas loin des 59% réalisés par Hollande dans cette circonscription. Son adversaire UMP Nicolas Florian met lui aussi en avant l’abstention (43%) dans cette circonscription pour expliquer ce score.
Cette poussée de la gauche peut-elle menacer Alain Juppé en 2014, lors des prochaines municipales? En plaçant le président de la Communauté urbaine Vincent Feltesse comme suppléant de Michèle Delaunay, le PS prépare le terrain. «Feltesse a méchamment envie d’y aller, assure Jean Petaux, mais se présenter à Bordeaux en étant président de la CUB, ce n’est pas forcément une position confortable. Je pense qu’il s’inscrit dans une stratégie de longue durée.» Malgré «cette succession de résultats négatifs pour l’UMP», le politologue voit donc mal Alain Juppé, assimilé à la transformation de Bordeaux ces dernières années, se faire battre dans deux ans. «Mais il devra poursuivre le travail de renouvellement engagé en 2008 car le sentiment d’usure de certains acteurs politiques de droite, est présent au sein de son électorat.»