DEPLACEMENTSA Bordeaux, le Grenelle des mobilités livre ses premières pistes

A Bordeaux, le Grenelle des mobilités livre ses premières pistes

DEPLACEMENTSLes premiers résultats du Grenelle des mobilités urbaines, lancé à l'échelle de l'agglomération bordelaise, viennent d'être restitués...
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

Le Grenelle des mobilités de la Communauté urbaine de Bordeaux, première expérience en France de réflexion sur les déplacements à l’échelle d’une agglomération, doit rendre ses conclusions d’ici à juin. Jeudi, une restitution d’étape des travaux engagés au début de l’année, a été rendu publique.

Si les points de vue des participants (entreprises, associations, syndicats...) semblent parfois inconciliables, quelques idées ont émergé des ateliers. Première piste pour désengorger l’agglomération: créer de grands aménagements. «L’idée d’un grand contournement est souhaité par 55% des dirigeants de la Gironde, et 83% des entreprises de grosse structure, selon une étude de la CCI » lance Nicole Pizzamiglia, de l’atelier «grands déplacements». Cela permettrait de désenclaver des territoires, comme la Haute-Gironde, et de rendre accessible des sites stratégiques, comme l’aéroport de Mérignac ou le terminal portuaire du Médoc. Elle prône aussi une meilleure utilisation du fleuve et des dessertes ferroviaires pour le transport de marchandises. Pour François-Xavier Leuret (atelier transports collectifs), «la construction d’un réseau de transports en commun global à l’échelle de la métropole, maillé, radial et transversal, ne peut pas être évacuée. La CUB ne pourra pas en faire l’économie.» Des mesures comme le péage urbain ont également été discutées.

Covoiturage et limitation du stationnement

Faire évoluer les comportements, fait aussi partie des débats entre les spécialistes. «Il faut trouver des solutions simples, par exemple le covoiturage, explique ainsi Guillaume Pouyanne (grands déplacements). Mais il y a des réticences. Pour y remédier, il faudrait un accompagnement fort des pouvoirs publics, comme réserver une voie sur la rocade, mais cela poserait d’autres problèmes». Pierre Langrand (atelier : la voiture autrement) rappelle que «lorsque le lieu de travail est équipé d’une place de stationnement, dans 90% des cas on s’y rend en voiture». Au final, «93% du temps, les voitures sont à l’arrêt. Le stationnement est donc une clé de l’usage de la voiture sur laquelle il faudra prendre des positions.»

Enfin, faire évoluer les rythmes urbains pourrait aussi être une solution. «La question du télétravail, ne serait-ce qu’une heure par jour, non seulement pourrait avoir un impact majeur sur les déplacements, mais aussi sur la qualité de vie des salariés», pense Pierre Langrand. «L’école est aussi une question clé, notamment le rôle particulier que jouent les déplacements d’accompagnement des enfants, car ils induisent derrière des déplacements en voiture.» Faut-il «respecter la temporalité de la ville, ou la changer, demande François-Xavier Leuret. Tous les enfants doivent-ils nécessairement commencer à 8h et les salariés à 9h?».

«Il faudra plusieurs années pour densifier la métropole»

Quelle que soit leur position, la plupart des acteurs s’accordent à dire qu’il y a «nécessité d’articuler les politiques urbaines avec les politiques de déplacement», même si François-Xavier Leuret remarque que «pour le moment cela reste de l’ordre de l’incantation plus que de la réalité». «La ville est étendue, la densité faible ; il faudra plusieurs années pour densifier la métropole» souligne Alain Cougrand, chef d’entreprise et rapporteur de l’atelier Mobilité et Emploi. Pour lui, «il faut bien comprendre que nous n’avons pas un problème global au niveau de l’agglomération, mais différentes situations selon que l’on se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur de la rocade. Dans l’hyper-centre on trouve une économie résidentielle et un réseau de transport en commun que l’on va dire satisfaisant, dans la zone extra-rocade se concentre le gros de l’activité de service et industrielle. Tout cela est agrégé autour de la rocade, point de passage obligé si l’on veut se rendre du Nord au Sud.»

Quelles que soient les solutions retenues, il y a urgence à régler les problèmes de congestion dans l’agglomération bordelaise, où les actifs passent 66 minutes par jour à se déplacer.