Vincent Feltesse: «Il faut continuer à construire massivement»
INTERVIEW•Le président de la communauté urbaine de Bordeaux et maire de Blanquefort, Vincent Feltesse (PS), revient pour 20minutes sur les dossiers chauds de l'agglomération bordelaise...Propos recueillis par Mickaël Bosredon
Les travaux du pont Bacalan-Bastide seront achevés à la fin de l’année, mais cet ouvrage ne risque-t-il pas de générer des bouchons supplémentaires à sa mise en service, faute d’aménagements routiers suffisants?
Ce pont a fait l’objet d’innombrables polémiques et recours administratifs. Toutes les études ont conclu que les aménagements existants suffisent. Donc je ne vois pas pourquoi ce qui a été bon à l’époque devant le tribunal administratif, ne le serait plus maintenant. Cela fonctionnera. Maintenant nous ne sommes pas totalement obtus, et il faut voir comment nous pouvons améliorer les choses, notamment rive droite, où le problème de la voie ferrée pourrait effectivement créer une espèce d’engorgement. Je dois me rendre sur site avec Alain Juppé pour examiner ce qui peut se faire.
Autre ouvrage qui fait polémique, le Grand Stade. Quel est votre position sur la polémique concernant son coût, et le choix du partenariat public privé (PPP) pour le construire?
En ce qui concerne le financement, la CUB n’ira pas au-delà de ce qu’elle a inscrit dans ce programme, c’est-à-dire 15 millions d’euros. S’il devait y avoir des surcoûts, ce sera de la responsabilité éventuelle de la mairie de Bordeaux. Mais je n’ai pas le sentiment que de son côté elle tolère des dérapages. Sur le projet, mon raisonnement est toujours le même, à savoir qu’il est toujours pertinent d’avoir un grand équipement sportif, et que la participation de la CUB, sur un budget de 2 milliards d’euros sur 5 ans, est raisonnable.
Vous avez saisi l’autorité de la concurrence pour un soupçon d’entente entre les entreprises lauréates d’une partie de l’appel d’offres des travaux d’extension de la ligne C du tramway. Où en est ce dossier?
Il est toujours chez l’autorité de la concurrence. En revanche j’ai reçu un courrier de la fédération régionale du BTP me disant que ce n’était pas la réalité. C’est un signal fort qui a été envoyé aux entreprises. Nous sommes dans une défense systématique des intérêts de la CUB, c’est normal de faire cela quand je vois que quelque chose n’est pas dans les standards classiques par rapport à d’autres marchés.
Cela fait maintenant deux ans que Keolis est le nouveau délégataire de service public pour le réseau de transport public. Etes-vous satisfait?
Le réseau de bus a fortement augmenté sa fréquentation, sans nouveaux investissements, c’est une réussite. Mais nous n’avons pas atteints les objectifs, qui étaient de 120 millions de voyageurs, or nous ne sommes qu’à 110. Il y a une part de responsabilité de Kéolis, qui devra payer des pénalités, comme cela était prévu dans le contrat. Cela dit il faut reconnaître que le secteur du transport a connu une baisse de fréquentation partout en France à cause de la crise, sauf à Bordeaux.
La CUB a lancé beaucoup de projets d’extension de lignes de tramway, certaines, par exemple la ligne C, auront du retard, est-ce inquiétant par rapport à l’évolution démographique de l’agglomération?
Je ne crois pas qu’un tuyau supplémentaire solutionnera tous les problèmes de déplacements. Nous avons beaucoup investi pour les transports en commun ces dernières années, et les conditions de circulation se sont améliorées à certains endroits, et se sont dégradées à d’autres. Donc, il ne faut pas faire croire à la population que 30 km de tramway supplémentaires vont tout à coup rendre la situation fluide. La Gironde est un département extrêmement dynamique, qui gagne entre 15 et 20.000 habitants par an, or 70% des emplois sont dans l’agglomération bordelaise, donc il y aura plus de gens qui viendront chaque jour dans l’agglomération. Le vrai débat c’est: vaut-il mieux qu’ils habitent en dehors ou dans l’agglomération? Pour pleins de raisons je pense qu’il vaut mieux qu’ils habitent dans l’agglomération, sans la dénaturer.
Mais le problème principal cela reste le prix de l’immobilier, or, malgré votre volonté de maîtrise des prix, ils ne cessent d’augmenter...
Il faut continuer à construire massivement, particulièrement du logement social, c’est la seule solution pour mieux maîtriser le rapport entre l’offre et la demande. Nous avons doublé notre production de logements en quelques années, et nous allons continuer pour arriver à 10.000 par an d’ici à 2014-15.