Noir Désir, la fin d'un mythe
Musique Le groupe bordelais ne se reformera pas. Réactions à BordeauxMarion Guillot
Il n'y aura pas de septième album, comme l'espéraient les fans. Hier, le batteur de Noir Désir, Denis Barthe, a, au nom du chanteur Bertrand Cantat et du bassiste Jean-Paul Roy, donné le coup de baguette final, confirmant la séparation du groupe bordelais. « On ne va pas maintenir Noir Désir en respiration artificielle pour de sombres raisons, a-t-il déclaré. Ce n'est pas la fin du monde. » La veille, le guitariste, Serge Teyssot-Gay, avait annoncé qu'il quittait le groupe.
Les répétitions avaient repris
A Bordeaux, les fans ont accueilli la nouvelle avec tristesse et soulagement. Pour Matthieu, 31 ans, « les choses sont claires maintenant. Au moins il n'y aura plus de polémiques sur le passé de Bertrand Cantat. La page est tournée. » Sophie, 32 ans, évoque avec nostalgie « le groupe de mon adolescence... Mais avec l'affaire Cantat, il était déjà un peu mort pour moi », ajoute-t-elle. « Ce n'est pas plus mal qu'ils se séparent », estime Julien, 31 ans. « Au moins, ils resteront une légende. La reformation du groupe aurait pu être décevante musicalement. » Même s'il admet que sa « fierté de Bordelais » en prend un coup.
Dans le milieu musical, c'est plutôt le sentiment de surprise qui domine. Directeur du Krakatoa de Mérignac, où le groupe s'était produit à maintes reprises, Didier Estèbe était un peu sonné hier : « Mon sentiment, c'est la tristesse, face à la disparition du plus grand groupe de rock français. C'est la fin d'une histoire qui avait commencé en 1981 », confie-t-il. Quant à Eric Roux, directeur de la Rock School Barbey, il y croyait encore : « Je pensais qu'ils se reformeraient, car c'était leur passion, ils ne savaient faire que ça. Cela n'a pas dû se jouer à grand-chose, car ils avaient repris les répèts ». Locomotive de la scène rock bordelaise et française, Noir Désir laissera le souvenir d'un groupe inspiré et engagé, à la puissance scénique peu commune. Leur dernier album « Des visages, des figures » était sorti en 2001.Lire aussi page 25