A Bordeaux, les finances sont « saines » mais il y a trop de collaborateurs et d'absentéisme
à la loupe•La cour régionale des comptes a rendu public ce mercredi son rapport sur la gestion de la ville de Bordeaux depuis 2017. Si les finances sont saines, elle pointe des irrégularités dans la ville gérée depuis 2020 par l’écologiste Pierre Hurmic
E.P.
L'essentiel
- La situation financière de Bordeaux est jugée « saine » par la Cour régionale des comptes.
- Elle recommande toutefois à la ville de revoir l’organisation de son cabinet, limité par la loi à sept collaborateurs (et non 94 comme actuellement) afin qu’il n’intervienne pas dans la gestion des services.
- Elle constate également un fort taux d’absentéisme des agents municipaux.
La gestion de la ville de Bordeaux a été passée au peigne fin depuis 2017 par la Cour régionale des Comptes et elle fait le bilan de son examen dans un rapport publié ce mercredi. Si les finances de la ville de Pierre Hurmic sont décrites comme saines, les magistrats financiers pointent aussi des irrégularités et incitent la collectivité locale à certaines actions. Petite synthèse non exhaustive de cet audit.
Une situation financière saine
Bordeaux bénéficie d’une situation financière qualifiée de « saine » par la Cour régionale des comptes « avec environ 380 millions d’euros de produits annuels (2022), un autofinancement en progression sur la période, et une dette limitée à 4,9 années de remboursement (2022) ».
Elle note cependant qu’alors qu’en début de période les produits de gestion, portés par les ressources fiscales, augmentent plus vite que les charges, « cette tendance s’est inversée à compter de 2019 ». Elle pointe aussi un seuil de trésorerie artificiellement haut, au sens où elle ne respecte pas le plafond légal du délai de paiement vis-à-vis des entreprises.
94 collaborateurs au lieu de 7 maximum
Selon la loi, « le maire peut recruter librement des collaborateurs chargés de l’accompagner en tant que chef de l’administration locale et de responsable politique », pointe le rapport mais dans une limite de sept « au regard de sa population comprise entre 220.001 et 265.000 habitants », ajoute-t-il. Or, en mai 2023, le cabinet du maire compte 94 collaborateurs.
La chambre recommande donc à la ville de revoir son organisation administrative « afin que le cabinet n’intervienne pas dans la gestion des services et que les agents qui le composent soient hiérarchiquement rattachés à la direction générale des services ». Dans sa réponse, la ville de Bordeaux assure qu’elle « prendra en considération dans son organisation » cette recommandation, sans en dire davantage.
Un absentéisme fort chez les agents
La cour relève un taux d’absentéisme des agents municipaux supérieur à ceux des autres collectivités de taille comparable. Il représente en moyenne 46 jours par an et par agent permanent, contre 36 en 2017. Le coût financier théorique de cet absentéisme est évalué entre 7,8 millions et 9,3 millions d’euros en 2020.
La ville de Bordeaux estime en la matière les comparaisons « peu pertinentes », expliquant que « la mutualisation en 2016 de la quasi-totalité des fonctions ressources, issues principalement de la filière administrative (…), aurait eu pour effet d’accroître la proportion au sein de la collectivité des emplois des filières techniques et des métiers exposés à des facteurs de pénibilité ». « Aucun élément probant n’a cependant été communiqué quant à une proportion de ce type d’emplois différente au sein des autres collectivités de la strate », constate néanmoins la Cour régionale des comptes.
Si une réflexion a bien été engagée et qu’une cartographie détaillée de l’absentéisme dans les établissements de la petite enfance a bien été lancée, la Cour enjoint la collectivité à aller plus loin.