Gironde : Le président de la mosquée de Pessac, menacé d’expulsion et assigné à résidence, se défend
JUSTICE•Le président de l'association qui gère la mosquée, accusé d’apologie du terrorisme, a contesté jeudi la décision du tribunal administratif20 Minutes avec AFP
L’avocat d'Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, près de Bordeaux, parle d’un dossier « vide », reprochant à Gérald Darmanin « une forme d’acharnement ». M. Ridouane a contesté jeudi son assignation à résidence, survenue sur fond de procédure d’expulsion, les autorités lui reprochant des publications sur les réseaux sociaux qui feraient l’apologie du terrorisme.
« Micas »
Cette mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas) lui a été notifiée la semaine dernière avant le passage du relais de la flamme olympique en Gironde. Elle lui interdit pendant trois mois de quitter la commune de Pessac, sauf dérogation, et l’oblige à pointer quotidiennement au commissariat.
Début mai, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait dévoilé une « stratégie d’entrave » à l’encontre de la « mouvance islamiste et djihadiste » en amont et pendant les Jeux olympiques, incluant de telles mesures pour les personnes « condamnées pour faits de terrorisme ou fortement radicalisées ».
« Une menace d’une particulière gravité »
Jeudi devant le tribunal administratif, où l’imam contestait cette mesure, la représentante du ministère a assuré que son comportement constituait « une menace d’une particulière gravité » pour la sécurité et l’ordre public, en « soutenant ou diffusant » des thèses « encourageant ou incitant » au terrorisme.
En cause, des publications sur les réseaux sociaux ayant déjà conduit à une fermeture administrative de la mosquée de Pessac en 2022, décision annulée par le tribunal administratif de Bordeaux puis le Conseil d’État.
Des dessins sur Facebook
Les autorités lui reprochent aussi de présenter le Hamas, « considéré par l’Union européenne comme une organisation terroriste », « comme un mouvement de résistance », et mettent aussi en cause un dessin relayé sur Facebook, quatre jours après l’attaque de l’organisation palestinienne contre Israël le 7 octobre.
Ce dessin mettait en regard un soldat ukrainien armé, face à un char russe, avec le sous-titre « autodéfense » ; et un Palestinien face à un char israélien, avec le sous-titre « terrorisme ».
« Les Jeux olympiques ont bon dos »
Pour l’avocat de l’imam, Me Sefen Guez Guez, cette procédure n’est qu’une « redite » de celle qui avait visé, sans succès, la mosquée, et atteint aux libertés fondamentales de son client.
Selon lui, l’assignation à résidence ne vise qu’à pouvoir « venir le cueillir à son domicile » si la procédure d’expulsion aboutit. « Les Jeux olympiques ont bon dos », a dénoncé l’avocat en soulignant que son client, contrairement à d’autres personnes visées par des Micas, n’avait pas d’antécédents judiciaires. La décision a été mise en délibéré.