En Gironde, des demandes pour arracher plus de 10.000 hectares de vignes

Gironde : La campagne pour l’arrachage des vignes est terminée, plus de 10.000 hectares concernés

crise viticoleAu cours de l’ouverture du guichet qui a duré un mois, plus d'un millier de dossiers ont été déposés pour l’arrachage de plus de 10.000 hectares. Si les dépôts ont été timides au départ, ils se sont accélérés sur les derniers jours
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Face à une crise de surproduction chronique dans le vignoble le plus étendu de France, avec près de 110.000 hectares, il a été mis en place un guichet pour permettre un arrachage sanitaire, indemnisé à hauteur de 6.000 euros l’hectare.
  • Entre le 20 novembre et le 20 décembre plus d'un millier de dossiers ont été reçus pour environ 10.000 hectares. On ignore encore le profil des requérants.
  • Les terres libérées de la viticulture seront dévolue soit à la diversification, soit à la reforestation ou laissées en friche.

Depuis le 20 novembre, plus de 1.100 dossiers, pour plus de 10.000 hectares à arracher ont été recueillis par les services de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), en Gironde. Face à une crise de surproduction chronique dans le vignoble le plus étendu de France, avec près de 110.000 hectares, il a été mis en place un guichet pour permettre un arrachage sanitaire, indemnisé à hauteur de 6.000 euros l’hectare, par l’Etat et l’interprofession des vins de Bordeaux. Au total c’est une enveloppe de 57 millions d’euros qui a été allouée pour un peu moins de 10.000 hectares. Le collectif viti-33 qui milite pour l’arrachage primé, demandait 10.000 euros à l’hectare.

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D’abord espéré pour début octobre, le dispositif a été reporté en l’attente du feu vert de l’Europe et a commencé le 20 novembre pour se terminer ce mercredi 20 décembre. Une ambiguïté concernant les exploitations concernées a aussi freiné le démarrage mais au final, le nombre de dossier recueilli semble cohérent avec les préinscriptions. « Les premiers temps, cela a balbutié alors que le chronomètre tournait mais la filière s’est battue pour clarifier les choses », commente Renaud Jean, du collectif viti-33.

Pour Didier Cousiney, porte-parole et président du collectif viti 33, les surfaces concernées sont insuffisantes car selon certaines projections « d’ici 2027 à 2030 à Bordeaux on aura assez de 65.000 à 66.000 hectares pour contenter les consommateurs », rapporte-t-il. Selon lui, c’est 30.000 à 40.000 hectares qu’il faudrait arracher et pas seulement 10.000.

« J’avais besoin de faire face »

Dans l’Entre-deux-mers, Renaud Jean garde sa propriété de Roquebrune mais compte arracher les 20 hectares de celle de Saint-Martin-de-Sescas. Entre les frais d’arrachage, qui coûtent 2.000 euros à l’hectare, ses frais pour la gestion du mildiou, et autres traitements, il ne lui reste quasiment rien des indemnités versées. « J’ai déposé un dossier car j’avais besoin de faire face, je décapitalise mais je ne pourrai pas le faire deux fois », livre-t-il.

De nature optimiste, il envisage une reconversion d’une partie de ses anciennes terres viticoles pour y cultiver fourragères et légumineuses à destination de l’alimentation animale. « On démarre une réflexion avec les éleveurs du territoire, annonce-t-il. On pourrait mutualiser un désydratateur pour luzerne par exemple ». Il y a cinquante ans, il rappelle que dans le Médoc, à Saint-Emilion ou Sauternes, il y avait un peu d’élevage, bovin notamment, mais depuis la vigne est devenue une monoculture. Les terres libérées de la viticulture seront dévolue soit à la diversification, soit à la reforestation ou laissées en friche.

Selon ce viticulteur, il est difficile pour certains de se résoudre à arracher et d’ainsi « briser le continuum familial » quand ce sont des vignes plantées par leurs aïeux. « Je pense que beaucoup de vignerons vont aussi arracher en dehors du dispositif, à leurs frais, dans l’espoir de pouvoir replanter si cela repart », pronostique-t-il.

On ignore encore, parmi les dossiers déposés combien l’ont été par des viticulteurs souhaitant partir à la retraite. On sait qu’en Gironde, il y a 10 % des viticulteurs qui ont entre 65 et 85 ans et qui cultivent environ 10.000 hectares.

L’arrachage devrait commencer au premier trimestre 2024 pour se terminer fin avril ou début mai. Cela s’annonce une tâche d’ampleur.