Bordeaux : « Le projet Canopia entre dans sa phase concrète et va commencer à se voir », annonce le promoteur Apsys
INTERVIEW•Longtemps appelé Rue Bordelaise, le projet Canopia, entre la gare et les quais, amorce sa phase travaux avec une première partie consacrée à la démolition et au nettoyage des parcellesMickaël Bosredon
L'essentiel
- Canopia est un projet urbanistique entre la gare et les quais de Bordeaux, qui accueillera notamment 45.000 m2 de commerces, des logements et un complexe de loisirs.
- « Nous démarrons les tout premiers travaux », annonce dans un entretien à 20 Minutes François Agache, directeur général du développement d’Apsys, le promoteur qui porte ce projet.
- « Cela va durer jusqu’au printemps 2024, ensuite nous enchaînerons sur les travaux de construction, qui dureront deux ans, pour une ouverture toujours prévue mi-2026 », poursuit le responsable.
C’est l’un « des plus grands projets urbanistiques mené en ce moment en France », souligne François Agache, directeur général du développement d’Apsys. Pour un investissement de 500 millions d’euros, le promoteur immobilier porte à Bordeaux le projet Canopia, l’ex « Rue Bordelaise », qui va prendre forme entre la gare et les quais.
Cette « rue-parc » de 600 mètres de long sur 20 mètres de large, conçue par le cabinet d’architectes Maison Edouard François, débouchera au niveau des quais sur le bâtiment des terrasses du Méridien, qui accueillera un complexe de loisirs, ouvert sur un nouveau parc arboré, le parc Descas, aménagé par l’OIN (Opération d’intérêt national) Euratlantique.
Dans un entretien à 20 Minutes, le directeur du développement annonce le lancement des travaux de ce programme mêlant commerces et logements, et la signature d’une première enseigne, un hôtel de la marque Tribe qui accueillera un bar-restaurant sur son toit-terrasse.
Où en est le projet Canopia ?
Le projet entre dans sa phase concrète et opérationnelle, et va commencer à se voir des Bordelais. Nous démarrons les tout premiers travaux sur la partie du bâti existant dont nous sommes devenus propriétaires, le reste étant en cours de libération. Nous commençons par des travaux de nettoyage des parcelles, de démolition et de curage, une phase de déconstruction qui va durer quelques mois. Nous allons récupérer un maximum de matériaux pour les réutiliser, notamment pour du démontage/remontage concernant les bâtiments les plus remarquables, le but étant de conserver un maximum de façades existantes. Quand ce ne sera pas possible, nous réemploierons quand même les matériaux après concassage, via un partenariat avec l’entreprise Cycle Up. Cela va durer jusqu’au printemps 2024, ensuite nous enchaînerons sur les travaux de construction, qui dureront deux ans, pour une ouverture toujours prévue mi-2026.
Des enseignes ont-elles déjà signé pour rejoindre le projet ?
Nous avons une première signature pour la partie hôtellerie, avec une nouvelle marque, Tribe, détenue par le groupe Accor. Il s’agit d’un quatre-étoiles avec 144 chambres, très lifestyle et ouvert sur l’extérieur. Cela se matérialisera notamment par la présence d’un bar-restaurant en rooftop, ce qui permettra d’avoir une vue exceptionnelle sur Bordeaux et la Garonne. Ce sera un point de rencontre pour les clients de l’hôtel, les salariés du quartier et les habitants.
Le projet de 66.000 m2, prévoit 45.000 m2 de commerces, est-ce véritablement nécessaire aujourd’hui à Bordeaux ?
Il y a un vrai besoin d’une nouvelle polarité commerciale au sein de l’Opération d’intérêt national (OIN) Euratlantique qui se développe autour de la gare. Par ailleurs, la ville de Bordeaux connaît une forte attractivité commerciale, avec un taux de vacance de ses enseignes qui est très faible, de l’ordre de 3 %. Cela veut dire que faute de locaux adaptés dans les centres-villes, il y a peu d’offres pour les enseignes de sport, déco, jardinerie, situées en périphérie et qui cherchent à se développer en concept urbain. Nous allons répondre, avec nos locaux, à ce besoin-là. A côté de cela, il faut bien comprendre que le commerce devient de plus en plus protéiforme, c’est-à-dire que l’on a toujours besoin d’avoir du commerce traditionnel et de proximité, mais nous connaissons en plus un fort développement de la restauration et du loisir, qui est en plein essor. Donc, ce projet ne vient pas en concurrence des commerces existants, mais en complémentarité.
Face à l’incertitude économique, notamment dans l’immobilier, ce projet est-il encore viable ?
On considère que l’on est dans le bon timing, et nous n’avons aucun doute sur la qualité d’attraction de ce projet, qui est toujours salué par les intervenants que l’on rencontre quotidiennement. Nous n’avons jamais douté qu’il serait un succès, même durant la crise du Covid. Au lendemain de la pandémie, nous avons d’ailleurs senti rapidement qu’il y avait un désir de revenir vers le commerce physique, et cela s’est confirmé sur nos autres sites commerciaux.
A son arrivée à la mairie de Bordeaux, la nouvelle majorité écologiste regardait d’un mauvais œil ce projet, qu’elle avait même envisagé un temps d’abandonner avant de se rétracter. Comment se passent les discussions avec la mairie aujourd’hui ?
Le dialogue est très apaisé avec la ville de Bordeaux, mais je ne vous cache pas qu’au lendemain des élections, nous nous sommes posé pas mal de questions, et nous étions un peu… perturbés. Il s’est ouvert ensuite une période où la nouvelle majorité a pu prendre connaissance dans le détail du projet, puis nous avons su l’adapter à la demande de la mairie.
Nous avons ainsi étendu la programmation logements de 50 % par rapport à ce qui était prévu initialement, pour atteindre une surface totale de 6.200 m2, avec 35 % de logements sociaux. Nous avons réduit la jauge parking de 1.000 à 750 places. La partie végétalisée au sol approche les 10.000 m2, auxquels on peut ajouter 9.000 m2 de façades végétalisées, et 3.450 m2 de toitures végétalisées. Et nous avons intégré plus de 2.000 m2 de projets autour de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui est une nouvelle forme de commerce. Cela nous a d’ailleurs inspirés, et nous avons remporté en 2022 la restructuration du siège de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) à Paris, projet dans lequel nous avons aussi intégré une partie consacrée à l’ESS. Nous avons ainsi découvert un monde en plein essor.
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