Bordeaux : « Un métro ne sera pas la solution magique, mais peut être une corde de plus » avance Clément Rossignol-Puech
INTERVIEW•Le vice-président de Bordeaux Métropole en charge des stratégies des mobilités, Clément Rossignol-Puech (EELV), revient pour « 20 Minutes » sur les différents dossiers concernant les transports dans la métropoleMickaël Bosredon
L'essentiel
- Bordeaux Métropole a lancé à la rentrée l’étude d’opportunité et de faisabilité d’un métro à Bordeaux, dont les conclusions seront connues dans le courant de l’année 2024.
- Concernant le tramway, une autre étude est en cours, qui doit notamment déterminer la pertinence d’en faire circuler un sur le pont Chaban-Delmas.
- Sur le dossier du RER métropolitain, Clément Rossignol-Puech espère que les annonces de financement du chef de l’Etat, le 25 septembre dernier, « ne sont qu’une première phase, sinon le montant n’y est pas. »
Vice-président de Bordeaux Métropole en charge des stratégies des mobilités, Clément Rossignol-Puech (EELV), également maire de Bègles, a répondu aux questions de 20 Minutes, concernant les grands dossiers transport qui vont agiter la métropole ces prochains mois.
Le premier bus express de la métropole est attendu pour 2024, une étude sur le métro est lancée, mais on ne parle plus du tramway. C’est la fin des extensions de lignes de tram ?
Nous faisons une pause dans les extensions de lignes de tramway, étant donné que nous avons déjà le réseau de tram le plus étendu de France, en matière de kilométrage et de nombre de rames. Mais ce n’est pas la fin du tram, loin de là. Nous avons une étude en cours dont les résultats seront connus mi-2024, concernant l’optimisation et l’augmentation de la robustesse du réseau. L’idée est de trouver des solutions pour diminuer les pannes, transporter plus de monde tout en étant plus rapide. Faut-il rajouter des barreaux, par exemple sur le pont Chaban-Delmas pour relier deux lignes [la A et la B] et aller au dépôt ? Toutes les stations existantes sont-elles pertinentes ? Nous avons un réseau avec des interstations plus courtes que la moyenne des autres réseaux de tramway, ce qui sollicite davantage le matériel et diminue la vitesse commerciale. Nous allons donc étudier la possibilité de supprimer certaines stations. Comment dépenser moins d’énergie, faut-il rallonger les quais pour injecter davantage de rames longues dans le réseau ? Voilà toutes les réflexions qui sont en cours. Parallèlement, nous allons mettre en place un réseau de sept lignes de bus express sur 100 km, en moins de dix ans.
L’étude sur le métro annoncée par la métropole, a été lancée à la rentrée, qu’en attendez-vous ?
La dernière étude complète concernant la faisabilité d’un métro remonte à 1985, il s’agissait du projet de Metroval, sous Jacques Chaban-Delmas. Même s’il y avait eu deux études plus sommaires, réalisées par un ingénieur pendant deux mois [en 2019], et celle de l’association Métro de Bordeaux [en 2021] il s’agit donc de la deuxième grande étude sur la possibilité d’un métro à Bordeaux, quarante ans après. Nous attendons une vision complète, pour envisager quel type de ligne, quels effets sur les mobilités, quelle complémentarité avec le réseau actuel, et à quel coût ? Nous aurons une belle photo, et comme cela nous pourrons débattre sur des faits objectivés. En 2035, nous aurons le RER métropolitain, le tram optimisé, le réseau de bus express, et le ReVE (Réseau Vélo Express), qui va représenter 250 km, ce n’est pas rien. Mais, en fonction des hypothèses d’accroissement de la population et d’emploi, est-ce que ce sera suffisant ? Si le réseau est saturé, quelles sont les possibilités ? Les conclusions de cette étude sont attendues courant 2024.
La majorité de Bordeaux Métropole affiche depuis le début du scepticisme quand ce n’est pas de l’opposition, par rapport à cette idée de métro. Y a-t-il une évolution dans l’appréhension de ce dossier ?
On demande à voir. Moi en tout cas je veux objectiver. Ce ne sera pas une solution magique, mais est-ce que ça peut être une corde de plus, sachant quand même qu’il y a assez peu d’agglomérations qui ont fait le choix de rajouter un métro dans un réseau qui fonctionne. Parallèlement, il ne faut pas sous-estimer la phase travaux. Un métro souterrain, c’est très impactant, cela a des conséquences sur tout un quartier, et cela représente plusieurs années de difficulté. C’est un coût également, puisqu’un métro c’est 100 millions d’euros du km - quand il faut compter entre 20 et 25 millions d’euros du km pour le tramway, et 3 à 5 millions pour le bus express - même si un métro est très fréquenté et qu’il est donc rapidement rentabilisé. Enfin, est-ce qu’en 2040, on ne sera pas dans une société de sobriété, et est-ce que ce type de grand projet d’infrastructure ne sera pas derrière nous, pour des raisons écologiques ?
Concernant le RER Métropolitain, comment accueillez-vous les dernières annonces de financement de la part de l’État, Emmanuel Macron ayant évoqué le 25 septembre dernier la somme de 700 millions d’euros pour les 13 projets retenus, dont celui de Bordeaux ?
On espère qu’il ne s’agit que d’une première phase, sinon le montant n’y est pas, clairement ! Ces RER métropolitains sont des volontés très fortes des métropoles pour améliorer la mobilité des habitants, et Bordeaux fait partie des deux agglomérations les plus avancées sur ce projet avec Strasbourg. Mais on est en limite de compétence… Ce sera un outil très performant, qu’il s’agisse du lien avec les territoires voisins - pour ceux qui font beaucoup de kilomètres seuls dans leur voiture et qui entrent dans la métropole pour étudier ou travailler - ou qu’il s’agisse de traverser la métropole. On pourra faire par exemple Cenon à Pessac en douze minutes. Et parallèlement, la grande nouveauté est qu’on a mis en place une tarification unique sur tout le territoire de la métropole, qui entre en service dès novembre, et qui inclura le RER métropolitain.
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