L’étude d’opportunité pour la réalisation d’un métro à Bordeaux, a été lancée en fin de semaine dernière, a confirmé Bordeaux Métropole à 20 Minutes. La métropole, qui n’a pas retenu le métro comme solution dans son schéma des mobilités qui court jusqu’en 2030, avait annoncé en septembre 2022 son souhait d’étudier quand même l’opportunité d’un métro « pour la période 2030-2050. » Un appel d’offres avait été lancé dans la foulée, et c’est le groupement Artelia/Oyat qui l’a remporté le 9 août dernier, et qui est donc missionné pour mener cette étude. Celle-ci, d'un montant maximum de 300.000 euros, devrait courir jusqu’à fin 2024.

Une première étude avait été menée en 2019, sous l’ancienne majorité, mais durant deux mois seulement, ce qui n'avait pas permis d'aborder tous les aspects. L'association Métro de Bordeaux, qui milite depuis cinq ans pour un métro à Bordeaux, avait elle-même publié une autre étude en 2021, de qualité selon les observateurs, mais avec ses moyens, qui ne sont pas ceux d’un cabinet d’études.

Cette fois-ci, Bordeaux Métropole veut s'appuyer sur une étude solide, et poussée. Une première période de douze semaines va s’ouvrir, pendant lesquelles le groupement va réaliser un diagnostic du territoire et devra soumettre des propositions de tracés de lignes de métro (une seule ou plusieurs). La métropole décidera ensuite d’enclencher une éventuelle deuxième phase, qui durerait quinze semaines avec des études d’insertion de deux tracés retenus à l’issue de la première phase. Enfin, une dernière période de quatre semaines déterminera les estimations financières et le bilan socio-économique, dans le but de sélectionner le meilleur tracé.

« Page blanche »

Contactée par 20 Minutes, l’association Métro de Bordeaux se montre évidemment satisfaite de cette avancée, même si cela ne présage en rien d’une issue favorable. Politiquement, la majorité socialiste et écologiste à la métropole reste à ce jour opposée au métro, mais demande à voir quand même ce que l’étude pourrait apporter au débat.

« Le groupement d’étude va partir d’une page blanche, ce qui est très bien car leur enquête de territoire sera enrichie des éléments de l’enquête mobilité sortie au début de l’été, et que nous n’avions pas encore lorsque nous avons fait notre proposition en 2021 » explique Mickaël Baubonne, vice-président de Métro de Bordeaux.

« Certains arrêts incontournables » selon l’association Métro de Bordeaux

La proposition de tracé de l’association Métro de Bordeaux « sera passée à la moulinette » du groupement d’études, assure Mickaël Baubonne, « mais nous avons conscience qu’avec leurs outils, le groupement sera peut-être amené à faire d’autres propositions. » Ce juriste spécialiste des questions d’urbanisme, reste cependant « persuadé » que certains arrêts sont « incontournables », comme « le campus, le CHU, le centre-ville et la gare. » « Politiquement, il me paraît également difficile d’imaginer une ligne qui ne relierait pas la rive droite, jusqu’à Cenon et Lormont. » L’association reste cependant « ouverte à toutes les propositions » et reconnaît que pour la desserte du centre de Bordeaux, « tout reste ouvert : vaut-il mieux Gambetta ou Mériadeck ? Quid des Quinconces ? Combien de stations ? »

Pour Mickaël Baubonne, cette étude devra de toute façon répondre à une première grande question, centrale : « part-on sur l’optique d’un réseau à deux lignes immédiatement, ou avec une première ligne puis une deuxième plus tard ? Cela change tout dans la conception même du réseau. »

La progression des transports en commun « décevante »

Quant à cette fameuse enquête mobilité, dévoilée le 4 juillet dernier, Mickaël Baubonne trouve les résultats concernant les transports en commun « décevants. » Dans la métropole, les déplacements en transport en commun entre 2009 et 2021 ont progressé de 28 %, mais la part modale des transports n’a augmenté que de trois points, passant de 10 à 13 %. « Certes il y a une progression, mais elle est relativement faible par rapport aux moyens mis en œuvre sur cette temporalité, et la part modale ne progresse pas tant que cela, analyse le spécialiste. Le problème est que, malgré de nouveaux transports en commun ces vingt dernières années, la métropole n’a cessé de s’étaler, ce qui favorise l’usage de la voiture. »

Le vice-président de l’association reconnaît d’ailleurs que « le projet de métro ne réglerait pas à lui seul les difficultés de mobilité : il faut aussi un projet de territoire, comprenant une densification de la métropole. » Selon lui, « on déconnecte la question des transports en commun de la question de l’urbanisme, or ce n’est pas en construisant des lotissements à la périphérie de la métropole que l’on va faire progresser les transports en commun, car on sait que ce sont des modèles qui favorisent l’utilisation de la voiture. Il faut donc densifier le cœur de l’agglomération autour des stations de métro. » Si métro il y a un jour, bien évidemment.