Côte Aquitaine : Après l’été, « le modèle d’alerte aux baïnes confirmé »
PREVENTION DES NOYADES•Le dispositif était déployé pour la première année à grande échelleElsa Provenzano
L'essentiel
- Un dispositif d’alerte aux baïnes a été déployé sur la côte aquitaine dès le mois de mai, après cinq noyades en Gironde.
- Il a été déclenché pendant huit jours principalement sur les ailes de saison, alors que juillet et août ont été des mois plutôt calmes.
- Le modèle a fait ses preuves et sera pérennisé dès la saison prochaine.
Au lieu d’alerter de façon générale sur le risque de baïnes, ces courants très dangereux qui emportent les baigneurs au large, les autorités ont pris le parti cet été de cibler les journées à risque, à partir d’un modèle prédictif élaboré par le docteur Eric Tellier. Martin Guespereau, préfet délégué à la sécurité sur la zone Sud-Ouest, dresse pour 20 Minutes un premier bilan de ce dispositif qui a été déployé pour la première fois cet été sur la côte Aquitaine.
Quand avez-vous décidé d’activer le dispositif ?
On avait l’ambition de repérer les journées à risque cette année mais, on a eu un début de saison catastrophique avec cinq morts dans les baïnes, les 15 et 17 mai (à Lacanau et au Porge). C’était bien mal parti, donc on a accéléré la mise en place du dispositif d’alerte au 21 mai, alors qu’il devait être déclenché au 1er juillet normalement, pour la saison touristique. L’hélicoptère de la Sécurité civile Dragon 33 a été prépositionné à Lacanau dès le mois de juin car il y avait une énorme fréquentation, la mer était déjà assez chaude.
Combien de fois a-t-il été déclenché, et avec quels résultats ?
Le dispositif a été activé sur huit journées, principalement sur les ailes de saison car, fin août et début septembre, on a observé un fort tirage en mer avec beaucoup de houle et des baïnes très puissantes. En revanche, du 15 juin au 15 août, cela a été très calme sur toute la côte Aquitaine. Il n’y a pas eu de noyades mortelles sur ces jours d’alerte.
Dragon 33 a sauvé 82 personnes et les CRS ont repêché 1.046 personnes sur les départements de la côte Aquitaine, un chiffre qui se rapproche de celui de l’an dernier. Par exemple, le 20 août, à Biarritz, on a déclenché le message d’alerte et 16 personnes ont été emportées au large par des baïnes. Toutes ont été secourues, dont cinq en hélicoptère. Donc, l’alerte n’était pas volée…
Et quelle a été l’incidence sur les comportements des baigneurs ?
On n’a pas d’étude, mais des retours informels de la part des maires et des agents des postes de secours, qui nous disent que les gens avaient entendu le message. On l’a quand même matraqué, grâce à un fort relais. Je me pose la question sur la réception de la part des étrangers en vacances, plus difficiles à sensibiliser.
On imagine que ce bilan est forcément à nuancer, par rapport aux épisodes de chaleur et aux feux de forêt qui ont provoqué la fermeture temporaire de certaines plages ?
Oui, je pense que la fréquentation était un peu en baisse sur la côte. C’est clairement à relier à la canicule : quand il fait 40 °C, on ne va pas sur la plage. Le plus important à souligner, c’est qu’on a un système stable et puissant de secours, porté par les maires et l’Etat, car c’est la côte la plus dangereuse de France avec 20 à 30 noyades par an liées aux baïnes. En un an, on ne peut pas juger de tout. Ce qui est sûr c’est que le dispositif est confirmé et sera pérennisé la saison prochaine après avoir été affiné avec nos partenaires (l’INRAE, le CNRS, Météo-France etc.).
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