Cinq choses à savoir sur le RER Métropolitain à Bordeaux

Bordeaux : Cinq choses à savoir sur le RER Métropolitain

TRANSPORTSLa concertation publique pour le projet de RER Métropolitain de Bordeaux s’ouvre ce mardi, et durera jusqu’au 19 novembre
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • L’ambition du RER Métropolitain est de transformer les cinq branches du réseau ferroviaire de Gironde, en trois lignes qui n’auront plus Bordeaux pour terminus et traverseront ainsi le territoire.
  • Les trains seront par ailleurs cadencés, au rythme de deux par heure pour commencer.
  • Les collectivités espèrent convaincre ceux qui utilisent leur voiture pour se rendre sur la métropole d’abandonner leur véhicule au profit du RER.

Un réseau express de trains à l’échelle de la Gironde, avec pour objectif de désengorger les routes. C’est l’ambition affichée du « RER Métropolitain », qui « entre dans sa phase active » annonce Renaud Lagrave, vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, en charge des transports, à l’occasion du lancement ce mardi de la consultation publique, qui court jusqu’au 19 novembre.

Sur les rails depuis 2021 avec l’entrée en service partielle d’une première liaison entre Libourne et Arcachon, le RER Métropolitain de Bordeaux est aujourd’hui le projet le plus avancé au niveau national. Le gouvernement souhaite effectivement que plusieurs métropoles s’équipent aussi d’un réseau express sur leurs territoires. En attendant, « 20 Minutes » passe en revue le projet bordelais.

Combien de lignes sont concernées ?

La concertation, qui s’ouvre ce mardi, porte sur les trois lignes du RER métropolitain : Arcachon – Libourne, la plus avancée de toutes et prévue pour 2027, Saint-Mariens – Saint-Yzan – Langon, prévue entre 2028 et 2030, et Pointe de Grave – Bordeaux/Pessac, surnommée aussi la ligne du Médoc, prévue pour 2030.


Projet du RER métropolitain en Gironde à l'horizon 2030
Projet du RER métropolitain en Gironde à l'horizon 2030 - Bordeaux Métropole

Il s’agit en fait de « diamétraliser » les cinq branches du réseau ferroviaire girondin pour en faire trois lignes. Pour cela, la gare de Bordeaux Saint-Jean ne sera plus le terminus des cinq branches actuelles (hormis pour la ligne du Médoc, qui s’arrêtera soit à Bordeaux, soit à Pessac), mais seulement un arrêt pour des trains qui desserviront ainsi l’ensemble du territoire d’un bout à l’autre, en s’arrêtant à plusieurs gares. Ces trains seront par ailleurs « cadencés », c’est-à-dire qu’ils circuleront à horaire fixe, à la manière du RER en Ile-de-France. Les TER « classiques » continueront bien évidemment de circuler également sur ces lignes.

Quelle sera la fréquence des RER ?

On ne sera clairement pas sur une fréquence de rames « à la francilienne. » Une première ligne est déjà en fonctionnement partiel depuis 2021, celle entre Libourne et Arcachon, au rythme d’un train par heure et par sens pour le moment. « C’est un début et cela va progressivement monter en puissance » promet le maire de Libourne, Philippe Buisson (PS), qui espère « un train tous les quarts d’heure dans les deux-trois ans ». Ce que la SNCF nuance. « Les études menées actuellement sur les trois lignes portent sur la mise en œuvre d’un RER à la demi-heure, et il est évoqué la possibilité de porter cette fréquence au quart d’heure au-delà de 2028 », précise Edouard Parant, directeur de projet du RER Métropolitain chez SNCF Réseau. Une fréquence trop faible pour plusieurs élus. « Le terme de RER me dérange un peu pour le moment » estime par exemple Emmanuel Sallaberry, maire de Talence, une des futures gares desservies par le projet.

Le directeur de projet de la SNCF ajoute cependant que « si on prend l’exemple de Libourne, vous aurez à terme deux RER par heure qui vont à Bordeaux, plus trois trains par heure qui arrivent de Limoges, Bergerac ou Angoulême, et qui vont aussi à Bordeaux. Que cela s’appelle du RER ou du train, il y aura au final cinq dessertes vers Bordeaux par heure. C’est mieux que le quart d’heure. » Mais seul le RER Métropolitain desservira toutes les gares, notamment celles du campus de Bordeaux.

Renaud Lagrave promet quant à lui que le projet montera bel et bien en puissance. « A la faveur notamment des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), l’objectif est bien d’atteindre le quart d’heure après 2028. Mais aujourd’hui, nous faisons déjà le nécessaire pour être à la demi-heure. »

Pourquoi le RER Métropolitain est-il si long à mettre en œuvre ?

A Bordeaux, ce projet est dans les tuyaux depuis 2018, et il faudra donc attendre 2028 pour sa complète réalisation, 2030 avec la ligne du Médoc qui s’est rajoutée dans le projet il y a un an. Cette longueur s'explique en partie par la somme des travaux, qui promettent d'être lourds, même si tout n'apparaîtra pas aux yeux du grand public. « On ne rajoute pas de voies, mais on réalise quand même deux gares [La Médoquine à Talence et la halte ferroviaire du Bouscat], souligne Edouard Parant. Il va aussi falloir construire des quais : à Bordeaux, on va créer un nouveau quai le long du hall 3. Entre Bordeaux et Libourne on a l’ambition de faire circuler des trains doubles. Pour cela il faudra allonger les quais de quatre gares. » Certaines lignes auront quant à elles besoin de « plus de puissance électrique », quand il ne faudra pas « complètement électrifier certaines parties de ligne », même s’il est aussi envisagé de faire circuler des trains nouvelle génération fonctionnant sur batteries. « Certains endroits auront besoin de nouvelles signalisations ferroviaires », énumère encore le chef de projet.

Enfin, faire circuler davantage de trains toute la journée nécessitera « d’avoir des installations en bout de ligne pour permettre aux rames de repartir dans l’autre sens » ainsi que des garages dans ces gares-terminus pour effectuer de la maintenance, « car ce n’est plus possible à Bordeaux. » Le coût total de l’opération se chiffre aux alentours de 680 millions d’euros, financés par la région, la métropole, le département et l’Etat.

Combien de voyageurs pour ce RER Métropolitain ?

« L’objectif est d’atteindre 30.000 à 40.000 voyageurs par jour [55.000 voyageurs selon la métropole], mais je suis certain qu’on ira au-delà, surtout s’il y a de la régularité, et une tarification unique, ce sur quoi on travaille » assure Renaud Lagrave. Les collectivités espèrent surtout convaincre ceux qui se rendent sur la métropole en voiture d’abandonner leur véhicule au profit du RER, sachant que les trajets routiers venant de l’extérieur représentent 58 % du kilométrage réalisé dans le périmètre de la métropole.

« Le RER Métropolitain ne sera pas la réponse aux problèmes de mobilité, mais une réponse, analyse quant à lui Emmanuel Sallaberry. L’objectif étant d’aller capter des gens au-delà de la métropole, c’est davantage une solution girondine que métropolitaine où, à mon sens, seul le projet de métro peut apporter une réponse efficace à la saturation du tramway. »



Premiers retours d’expérience à Libourne

« Promesse d’une meilleure connexion de notre territoire à la métropole », le RER produit déjà ses effets à Libourne, assure son maire Philippe Buisson. « Cela fonctionne puisque l’on voit une nouvelle population, qui travaille sur la métropole, venir s’installer à Libourne. Et demain, lorsque la gare aux abords du campus aura ouvert, nous espérons accueillir de nombreux étudiants, pour qui il est de plus en plus difficile de se loger sur la métropole. Libourne a l’intention de leur proposer une sorte de « package » logement + transport à moins de 500 euros par mois, en étant à moins d’une heure de la fac. » La liaison sans changement à Bordeaux permet par ailleurs « de rapprocher Libourne de la plage, puisque vous pouvez aller à Arcachon directement, en 1h30. »

Le maire de Libourne pointe cependant quelques failles. « Ce n’est pas encore parfait, mais notre ligne est la première, donc on essuie les plâtres. » Par exemple, « il n’y a pas encore de retour tardif entre la métropole et Libourne, le dernier train étant à 22h27. C’est insuffisant si on veut sortir à Bordeaux. Il faudra un dernier train à 23h30 ou minuit, on y travaille avec la région et la SNCF. Il y a ensuite un problème capacitaire, il va falloir augmenter l’offre de nos trains qui devient déjà insuffisante. Enfin, il faudra améliorer l’arrêt à Bordeaux, qui est de l’ordre de dix minutes, c’est trop long. » « L’objectif idéal serait d’être à trois ou quatre minutes, convient la SNCF, on va déjà essayer de descendre à six minutes. »

Toutes les infos sur le projet et la concertation sont en ligne sur le site dédié au RER Métropolitain.

Deux nouvelles gares

Deux nouvelles gares seront créées pour la mise en place du RER, la Médoquine à Talence et la halte ferroviaire du Bouscat. Cette dernière, qui doit ouvrir mi-2023, sera la première réalisation concrète du RER Métropolitain, et permettra par exemple de rejoindre la gare Saint-Jean en quatorze minutes.

Pour la gare de la Médoquine, il s’agira d’une renaissance, puisqu’ « on en sera à 75 ans de fermeture » lors de son inauguration prévue en 2025, souligne le maire de Talence Emmanuel Sallaberry. « Il y a énormément de travaux à faire avec notamment quatre quais à construire, une végétalisation du site, et des aménagements pour les vélos et les piétons à réaliser. » L’élu ambitionne de faire de ce pôle autour duquel vivent et travaillent 150.000 personnes, « la gare du campus, du CHU, et un maillon entre Pessac et Bordeaux. » Il est prévu une fréquentation quotidienne d’environ 4.500 voyageurs.