Les envahisseurs pullulent en Aquitaine
environnement Introduites par l'homme, les espèces invasives menacent la biodiversité localeElsa Provenzano
« L'écrevisse rouge de Louisiane se reproduit tous les trois mois, contre deux ans pour l'écrevisse autochtone. Celle-ci n'a pas la moindre chance ! », explique Christophe Coïc, président de l'association Cistude Nature. Ce crustacé exotique fait partie des 100 à 200 espèces, faune et flore confondues, jugées envahissantes en Aquitaine. La région souhaite créer une agence de la biodiversité, dont l'une des missions serait la maîtrise de l'expansion de ces espèces.
Des ratons laveurs très nuisibles
« 2010 est l'année de la biodiversité, donc, symboliquement, je souhaite que cette agence soit mise en place rapidement, avant 2011 », a expliqué Monique de Marco, élue régionale Europe Ecologie, lors des rencontres professionnelles, début avril, consacrées aux espèces invasives. Cette agence, ou observatoire, serait une base de données participative, notamment capable d'initier un recensement des espèces.
La région pourrait ainsi coordonner les actions des associations engagées dans le domaine de la biodiversité et permettre l'échange de données entre les régions. Pour le naturaliste Christophe Coïc, cette structure permettrait surtout « d'identifier les points d'introduction des nouvelles espèces et d'agir vite ». Il est vrai que, pour l'écrevisse et la jussie, une plante à petites fleurs jaunes, l'éradication n'est déjà plus envisageable, elles sont maintenant bien installées. « C'est une course contre la montre qui s'engage », précise le naturaliste. Et d'ajouter, « deux ratons laveurs ont déjà été recensés en Aquitaine, et ce sont des animaux réputés très nuisibles pour la biodiversité ».
L'Aquitaine est une région particulièrement colonisée par les espèces exotiques en raison de ses milieux naturels très variés. « Ses côtes préservées de l'urbanisation galopante, ses massifs montagneux et sa forêt landaise en font un territoire riche », affirme le naturaliste.
La grenouille taureau,
ce voyageur clandestin
La grenouille taureau, le ragondin, le vison d'Amérique et d'autres y ont élu domicile. Toutes ces espèces ont été introduites par l'homme, volontairement ou non. La grenouille taureau a, par exemple, été ramenée d'un voyage aux Etats-Unis par un particulier en 1970. Le vison a, lui, été importé pour l'industrie de sa fourrure et a été relâché accidentellement… En détruisant l'habitat des populations indigènes, ces espèces appauvrissent et homogénéisent la biodiversité. Puisque l'écotourisme a un bel avenir devant lui, préserver ce patrimoine naturel comporte aussi de réels intérêts économiques.